l'éducation anglaise de claire grenadine
Sur le chemin qui me conduit au donjon de Maîtresse Cindy, je pense à cette phrase célèbre attribuée à Georges Clemenceau, « Ce qu’il y a de meilleur dans l’amour, c’est quand on monte l’escalier ». Tout à l’heure, lorsque je serai sortie du métro, l’escalier que j’emprunterai à mon tour, je ne le monterai pas mais je le descendrai. Peu importe. Je ressentirai la même chose. Ce sentiment de trac, d’excitation, ce pincement au cœur, ce picotement, cette légère tension qui serre l’estomac. Car si la pièce qui va se dérouler est déjà largement écrite à l’avance et les personnages connus, le scénario est vierge. Une page blanche. Au début de son interview sur France Culture, Maîtresse Cindy explique que son rôle est de surprendre et d’aider ses partenaires à se dépasser. Surprendre, se dépasser. Oh oui, complètement ! Mais il ne faudrait pas que cela vienne seulement d’elle. Tous les acteurs doivent être bons. Non pas par obligation. Par simple souci d’équilibre ou de cohérence. Pour que la troupe soit homogène. Mais tout naturellement par plaisir. Par complicité. Lorsque le partenaire donne le meilleur de lui-même, il est impossible de rester en retrait. L’émulation stimule. Pour que la pièce soit un succès, il faut que de mon côté aussi, je sache la surprendre. Et me dépasser. Par tous les moyens. Par ma tenue, par mes réactions, par mes émotions, par mes silences. Sans pour autant sortir de mon rôle. Au risque de jouer faux.
En attendant, il faut que je me prépare. Que je me glisse dans la peau de mon personnage. Les trajets en métro, c’est pratique et c’est aussi fait pour ça. Pour rêver les yeux ouverts. Pour visualiser le film avant même que la pénombre ne s’installe dans la salle et que l’écran s’éclaire. Cette séance, j’y ai tellement pensé. Nous l’avons même presque déjà répétée en échangeant des messages. J’y ai glissé quelques indications scéniques en espérant qu’elles seront prises en compte. Au fur et à mesure que je marche, la tension augmente. Je pourrais presque me planter devant une boutique et constater dans le reflet de la vitrine que j’ai déjà mes couettes. Oui, ça y est, je suis prête. Je ne suis plus un autre, je suis moi. Et non pas l’inverse. Je suis Claire. Les passants qui me croisent ne le voient pas mais moi je le ressens. La féminité, ça se vit surtout de l’intérieur.
17 heures. Pile à l’heure. Madame la Professeur Principale a bien insisté pour que je sois ponctuelle. Une pression sur le bouton de la sonnette. Le son d’un carillon lointain. L’attente. Elle ne se précipite jamais. Il faut toujours patienter. Oh jamais très longtemps. Mais un peu quand même. Je le sais. Je m’y suis habituée. Pour moi, cela prolonge agréablement le plaisir. Peut-être n’est-elle pas tout à fait prête. Peut-être le fait-elle exprès. Parce que c’est sa façon à elle de me déstabiliser. De me conditionner. On ne sonne pas une dominatrice. Elle consent à vous ouvrir. A vous accepter ou non comme partenaire de jeu. En vous signifiant dès le début que c’est elle qui commande. Et que c’est vous qui devrez obéir.
Mon cœur se met à battre plus fort. C’est quand on s’apprête à jouer que la véritable vie palpite. Quand le silence se fait. Quand le rideau se lève. Que l’acteur entre en scène. Qu’il sort de l’ombre. Qu’il s’extrait de lui-même pour exister autrement. Qu’il naît.
Elle m’ouvre. Comme elle a l’habitude de le faire. Dissimulée derrière la porte. Laisser le mystère planer le plus longtemps possible. Surprendre, c’est aussi commencer par cette étape préparatoire. Se découvrir au dernier moment. Petits cheveux blonds. Encore plus blonds que d’habitude. La coupe aussi, me semble-t-il, est légèrement différente. Ça la rajeunit. Je pourrais le lui dire mais je ne je fais pas. Éviter le compliment à cent balles. Trouver le ton juste, ce n’est pas toujours facile. Et puis son habillement est un peu déroutant. Survêtement noir. Haut zippé. Petit tutu en mousseline blanche à la taille. Chaussures de sport. Je crois comprendre que la séance va être sportive. Dans tous les sens du mot.
Je fais semblant de ne pas voir la main qu’elle me tend afin de l’embrasser sur les joues. C’est tout de même plus sympathique. Moins « réglementaire » mais plus chaleureux. J’enlève mon imperméable ainsi que mes chaussures. Il me semble reconnaître la musique ambiante. Il ne s’agit pas du Miserere d’Allegri, comme je le croyais, mais du Stabat Mater de Pergolèse. Elle me conduit, non pas vers la salle de classe comme nous le faisons habituellement, mais vers la salle de méditation zen.
Ayant bien compris que j’allais faire (ou que je revenais) du sport, elle m’a préparé mes vêtements et des accessoires : un mini short blanc, un soutien-gorge assorti, des petites prothèses mammaires, des chaussettes et des tennis blanches. Je lui dis que je suis venue avec mon matériel. C’est d’ailleurs la première fois que cela arrive depuis que nous nous connaissons. Apparemment, elle ne sou haite pas avoir la surprise de le découvrir au dernier moment et préfère examiner d’abord ce que j’ai apporté (sans doute pour vérifier que ma tenue ne fera pas obstacle aux exercices divers auxquels elle a l’intention de me livrer). Je sors donc mon petit ensemble gris à galons roses (mini short et brassière assortie), une paire de chaussettes avec une rayure rose au niveau de l’ourlet, deux bracelets en coton dans les roses à glisser aux poignets (agrémentés du logo de la souris Diddle), mon string fluo rose, une paire de lunettes Lolita roses (que je n’aurai pas le temps de lui montrer) et deux boîtes contenant toutes sortes d’élastiques de couleur, notamment roses, pour les cheveux.
Finalement, nous composons un habillement mixte, puisant à la fois dans les réserves de l’une et de l’autre : petit ensemble gris et rose, culotte en latex rouge, coussins mammaires en silicone, chaussettes à rayures roses, tennis blanches. Elle semble tenir tout particulièrement à la culotte en latex. Visiblement, ce sera une composante essentielle du jeu à venir ! Je n’oublie pas la perruque bleue, aux couettes de laquelle j’enroule des élastiques roses. Tandis que je m’habille, un rappel à l’ordre est diffusé par le haut-parleur. La maîtresse nous demande de nous dépêcher (je suis supposée être au sport, sans doute dans les vestiaires, avec mes camarades de classe). Mademoiselle Claire, quand vous serez prête, vous vous mettrez à genoux en position de conformité devant le miroir. Je m’active. Sans omettre cependant de m’accorder quelques secondes pour me contempler dans la glace. Le résultat me plaît beaucoup. Tout. L’allure générale, le petit shorty, la brassière, les cuisses, les jambes. Loin de me sentir ridicule je me trouve même plutôt jolie. En tout cas, tout à fait en accord avec mon personnage. C’est sans doute l’essentiel. Mais peut-être aussi que je me trompe complètement.
Maîtresse Cindy entre dans la salle et m’autorise à me relever. Elle me tend la main. La séance commencera exceptionnellement par un baisemain. J’imagine qu’un baise-pied ne serait pas approprié car elle est en chaussures de sport. Elle m’explique que nous allons commencer par une séance de gymnastique en musique (tango argentin). Je suis censée reproduire les mouvements qu’elle effectue debout face à la glace. Nous sommes à la même hauteur, côte à côte. D’abord des exercices d’échauffement du bas du corps. Une jambe en avant, gauche, droite. Puis une jambe en arrière, gauche, droite, puis une jambe contre les fesses, gauche, droite. J’essaie de suivre le rythme de la musique et de faire des mouvements dans le même sens que ma maîtresse. Pas évident mais j’y arrive à peu près. Enchaînement avec le haut du corps par une série de moulinets avec les bras. La musique bien rythmée facilite les choses. Fin du premier exercice.
Le deuxième se déroule également debout, mais cette fois, il vise à affiner la taille. Rotation du buste au moyen d’un bâton tendu à l’horizontale posé derrière la nuque, au niveau des épaules. La difficulté consiste à garder le bassin fixe. Maîtresse Cindy corrige ma position. Elle effectue également le mouvement avec moi. Toujours avec le bâton, il s’agit maintenant de se pencher sur le côté, à gauche d’abord, à droite ensuite.
Troisième série d’exercices. Cette fois au sol. Maîtresse Cindy me demande d’aller chercher dans un coin de la pièce les deux tapis de sol qu’elle a préparés à notre intention. Nous les déroulons par terre et nous nous allongeons pour des exercices concentrés sur les abdominaux et les fessiers.
Abdominaux d’abord. Maîtresse Cindy se rend compte rapidement que quelque chose ne va pas. Elle me demande de baisser mon shorty et elle constate immédiatement que j’ai mis ma culotte en latex à l’envers (l’arrière à la place de l’avant). Elle me demande de la reme ttre à l’endroit et de remonter mon short par-dessus. Je le fais et découvre, en effet, que l’arrière de la culotte est équipé de deux zones circulaires (une sur chaque fesse). Chacune est constellée de petits cercles en relief munis de piquants en plastique. Du coup, je comprends mieux son insistance à me demander de m’asseoir sur mon tapis de sol. Les exercices reprennent. Petits battements en ciseaux, jambes parallèles au sol. Puis roulades en arrière les mains au niveau des cuisses. Retour à la position initiale tout en conservant l’équilibre (i.e. sans laisser les pieds toucher le sol). A chaque mouvement, je sens les petits picots s’enfoncer dans mes fesses. Sensation irritante et désagréable. Maîtresse Cindy en est bien consciente et cela la fait rire car de temps en temps, je ne peux pas m’empêcher de pousser des gémissements.
Les fessiers ensuite. Nous sommes allongées l’une en face de l’autre. Il s’agit d’élever la jambe dans le prolongement du buste et d’effectuer des battements de haut en bas. Une série du côté gauche. La même chose du côté droit. Maîtresse Cindy insiste pour que je repasse sur le dos avant de changer de côté (uniquement pour m’obliger à poser mes reins par terre et à me piquer sur ce matelas de petits picots qui m’entrent dans la chair).
Pour terminer, affinement de la taille. Nous sommes sur le côté. Jambes posées par terre dans le prolongement du corps, avant-bras replié. Il s’agit de soulever le corps et de tenir en faisant des petits mouvements de haut en bas. Une série à gauche. Une série à droite. Cette série n’est pas douloureuse pour moi car mes fesses sont « en l’air » (Toute ma vie, toute ma vie, j’ai rêvé d’être une hôtesse de l’air….). En passant, j’en conclus que Maîtresse Cindy est une pratiquante (assidue ?) de la gym taille-abdos-fessiers.
Après ce dernier exercice, je suis autorisée à me relever. Maîtresse Cindy me tend une jupe longue en me donnant le choix de la porter ou non. Je l’essaie mais je préfère finalement conserver mon short dans lequel je me trouve plus mignonne. Elle me demande de compter jusqu’à trente avant de la rejoindre dans la salle de classe. Il lui faut également le temps de se changer. Collant noir. Haut noir zippé. Mini kilt noir et blanc. Bottines noires. Elle est beaucoup plus sexy dans cette tenue. Je ne le remarquerai pas tout de suite car pour cette deuxième séquence, la mise en scène a été soignée. Quand je rentre dans la salle de classe, rupture de rythme et de ton, l’ambiance est subitement plus solennelle et plus froide. Maîtresse Cindy a pris place derrière son bureau et me fait signe d’avancer jusqu’à elle. J’obéis. Elle a l’air sévère et dure. La scène de la convocation. A mon avis, j’ai dû faire une grosse bêtise. Mais naturellement, je ne vais pas prendre les devants. Je vais la laisser venir. Je me suis préparée.
« Mettez-vous à genoux devant le bureau, Mademoiselle Claire ! Vous avez vu l’heure ? » Apparemment, j’ai une demi-heure de retard, contrairement à ma camarade Aurélie, qui sort du bureau et qui, elle, était ponctuelle (celle-là, elle commence à m’énerver). Je présente ma défense. J’étais à ma séance de sport, match en cours, obligée de rester jusqu’à la fin. Désolée. Je ne pouvais pas partir comme ça. J’ai fait tout mon possible pour revenir le plus vite possible. D’ailleurs, je n’ai même pas pris le temps de me changer. « Et vous croyez que c’est une tenue pur vous rendre à la convocation de votre professeur principale ? » (bien joué, Cindy !). Ça y est. Le décor est en place. Le deuxième acte commence. Les personnages se mettent en voix. Il faut garder ce rythme.
« Posez les mains à plat sur le bureau. » Ma maîtresse se lève et me donne un coup de badine sur les doigts. Aurélie m’a dénoncée. Je m’y attendais. Elle aurait découvert une photo compromettante dans mes affaires et se serait empressée de la transmettre à Maîtresse Cindy. L’histoire ne dit pas si elle a été punie de son côté. Je comprends que nous sommes coupables l’une et l’autre pour des motifs différents. J’aurais aimé voir Aurélie sortir du bureau. En attendant, c’est à mon tour d’être interrogée. Il faut que je réponde à mon interlocutrice de façon cohérente et censée. Sans aller pour autant dans son sens et lui faciliter la tâche. A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Observer comment elle mène l’interrogatoire. Tester ses capacités de réaction. Opposer de la résistance. Tenter de la mettre dans l’embarras. « Et des photos comme ça, vous en avez d’autres, Mademoiselle Claire ? » Je m’y attendais. A mon avis, c’est une question qui est posée autant par Cindy que par Maîtresse Cindy. Répondre avec assurance. « Non, Madame, c’est la seule. » Si elle savait ! Elle n’insiste pas. De toute façon, j’ai prévu une explication au cas où elle pousserait la curiosité trop loin. Rester dans ce registre. Difficile de nier mais ne pas se laisser faire. Jouer vrai. La collégienne prise en faute, qui n’ignore pas le sort qui l’attend, mais qui fera tout pour essayer de s’en sortir. « Vous savez comment on punit les élèves qui commettent ce genre de fautes, Mademoiselle Claire ? » « Oui, Madame. »? « Et comment ? » « Par une fessée. » Le mot-clé. Le déclic. Celui que j’attendais. Et qui va entraîner ma chute.
Du bout de sa badine, Maîtresse Cindy fait rouler deux dès à jouer de couleur verte sur le plat de son bureau. C’est curieux cette habitude qu’elle a d’associer à ses jeux les nombres et les chiffres. Sans doute une autre façon de surprendre. Une part d’aléa, de fantaisie, dont elle n’a pas la maîtrise, dans une scénographie alignée au cordeau. Réglée au millimètre. Mes mains sont restées posées à plat de part et d’autre. On ne m’a pas dit de les retirer. Elle me demande de prendre les dés et de les lancer. J’obéis. Le sort en est jeté. Nous faisons la somme des deux dés. 6+2=8. Petit sourire de Maîtresse Cindy quand le dé s’immobilise sur le 6. Elle note le total au marqueur rouge sur une feuille de papier. Je recommence. 3+2=5. Ce chiffre est également noté. De la combinaison des deux données va résulter la gravité de ma punition : je serai fessée avec huit instruments différents pendant cinq minutes chacun. Finalement, ce n’est pas totalement elle qui l’a fixée. Par le hasard des nombres, par mon adresse ou par ma maladresse, c’est aussi moi qui y ai contribué. Le tout sera dûment chronométré. Maîtresse Cindy a tout prévu. Un petit compte minutes digital blanc est posé sur son bureau.
Je suis autorisée à me relever. Elle me laisse la liberté d’aller et venir dans les pièces du donjon afin de sélectionner les huit instruments qui serviront à exécuter la sentence. Car là encore, ce n’est pas elle qui les choisira. C’est à moi qu’il revient de le faire. Dans un premier temps, Il faut que je les lui rapporte un par un et que je les aligne sur l’estrade. Je n’ai pas à aller bien loin. Ils sont tout proches, à portée de main, dans la salle de classe et dans la pièce qui la jouxte. Je choisis avec soin, partagée entre le souhait de ressentir des sensations différentes sans pour autant présumer de mes capacités à les supporter. De toute façon, l’épreuve risque d’être pénible. Le calcul est vite fait. Huit fois cinq minutes font quarante minutes. Quasiment une heure. Peut-être avec quelques pauses. Mais j’ai du mal à imaginer que je pourrai tenir sur cette durée. Je suis d’ailleurs sans illusion. Même si j’avais été plus chanceuse, Maîtresse Cindy se serait sans doute arrangée pour que le résultat reste inchangé. 10 fois 4 = 40. 2 fois 20 aussi ! Elle profite de mes allées et venues pour prendre des photos (j’avais demandé à ma copine Cindy d’emporter son appareil).
Voilà, c’est fait. Non sans avoir hésité, j’ai jeté mon dévolu sur huit instruments et je les ai alignés sur l’estrade. Maîtresse Cindy m’ordonne de me mettre à genoux devant eux, puis de les nommer et d’en donner tour à tour une rapide description. En résumé, il y a deux martinets, une cravache, un fouet à longues lanières, un strap, un petit paddle en cuir, et pour finir deux paddles en bois (l’un en forme de raquette de jokari striée sur le dessus, l’autre en forme de battoir à linge épais et évasé). Elle me reprend sur une description, estimant qu’elle ne correspond pas à l’instrument en question. Il s’agit du deuxième martinet (celui qui est doté d’une tête articulée, spécialité maison, déjà bien connu des habituées, qu’elle utilise fréquemment, semble-t-il, et que j’ai déjà expérimenté à de nombreuses reprises, notamment lors de l’émission de France Culture en présence d’Irène et de son équipe). C’est en fait un prétexte pour le remplacer par un instrument de son choix Il s’agit d’un martinet de petite taille et en latex. Cette rectification une fois opérée, Maîtresse Cindy m’invite à classer de gauche à droite les instruments par ordre croissant de dureté. J’ignore si mon classement est le bon mais je ne change rien à la disposition existante. Maîtresse Cindy ne fait aucun commentaire. Advienne que pourra !
Il faut maintenant que je me relève et que je pose les mains à plat sur le bureau de la première rangée, les jambes écartées, les fesses tendues en arrière. Je me mets en position. Premier martinet. Échauffement. Préparer progressivement la peau sur l’ensemble de la surface à corriger. La réchauffer. Accélérer progressivement la circulation sanguine par un balayage léger. Avant d’augmenter la cadence. Bien sûr, Maîtresse Cindy a pris le soin de baisser préalablement mon petit short gris. Mais j’ai encore ma culotte en latex. Plus pour très longtemps. Les coups s’intensifient. Je comprends que ma professeur veille à bien les répartir sur toute la surface disponible afin d’obtenir une couleur homogène. La durée totale de l’épreuve me pose question. Quarante minutes. A ce compte-là, c’est sûr, je ne vais pas en sortir indemne.
J’imagine déjà le dialogue à la maison. « Attends, tourne-toi, mais qu’est-ce que c’est que ça ? Qu’est-ce que tu t’es fait ? C’est rien, ma chérie, c’est juste ma maîtresse qui m’a donné la fessée ! ». Enfin tant pis ! C’est parti ! J’aurais pu y penser avant. On ne peut pas désirer une chose et la refuser quand elle se présente. Que deviendrait le plaisir ? Et puis si cette pensée a traversé mon esprit, ce ne pouvait pas être celle d’une petite collégienne. La preuve que je ne suis pas suffisamment dans mon rôle. Il faut que je me reprenne. Les cinq minutes tardent à sonner. Je trouve le temps long. D’autant plus que les coups sont plus appuyés. Il faut que je me réserve p our la suite. S’il y a bien progressivité dans le processus, je n’en suis encore qu’au tout début. J’aurais même envie de plaquer mon buste sur le plat du bureau pour mieux me laisser tomber en avant, plier le corps au niveau de la taille et faire ressortir davantage mes reins pour les offrir aux lanières. Vieux fantasme de la discipline anglaise où la jeune élève reçoit sa punition, poitrine plaquée sur son bureau, jupette relevée et culotte baissée sur les cuisses. Je ne le fais pas car je sais que dans cette position, je serai encore plus vulnérable. Penser à s’économiser. Le plus dur est à venir. Nous n’en sommes jamais qu’au bout des cinq premières minutes. Maîtresse Cindy baisse ma culotte en latex et inspecte les résultats. Elle semble très satisfaite. Deux belles zones circulaires rosées et parsemées, à l’endroit des picots, de petits points rouges plus foncés, qu’elle compare à des coccinelles.
Je suis autorisée à me redresser. Pas pour bien longtemps. Et à frotter mes fesses qui commencent à me piquer. Le temps aussi pour Maîtresse Cindy de régler son chronomètre. Elle me demande d’enlever ma culotte en latex. Mon short est enroulé autour de mes chevilles. Dans cette position nettement plus exposée, la correction reprend. Cette fois-ci avec le petit martinet en latex. Contact plus « lisse » et plus glacé. Lanières molles et courtes. Une simple impression. Tout dépend de la façon dont on le manie. Je comprends que le premier martinet avait été réservé à l’échauffement, celui-ci va « entrer dans le vif du sujet ». Je suis sans illusion. Effectivement, rapidement les coups sont plus appuyés et s’abattent sur mes reins. Les plus douloureux sont ceux qui s’égarent à la périphérie, sur le côté, là où le muscle est moins épais, la peau plus fine et tendre. Continuer à supporter. Se préparer à la suite. Je n’ai encore rien vu. Ouf, la sonnerie retentit. Pause. Massage des fesses. Cela me fait un bien fou de pouvoir apaiser le feu qui m’envahit, ne serait-ce que quelques instants.
Changement de décor. « Suivez-moi jusqu’à la grille. » La fameuse grille d’entrée du Collège. Cadenassée. Je resterai debout. Culotte baissée. Maîtresse Cindy referme la grille. De l’autre côté des barreaux, elle a installé un miroir vertical qui me permet de me voir en pied. « Baissez votre culotte. » J’obéis. Elle me pose sur le haut du crâne un immense bonnet d’âne noir équipé par-devant et par-derrière d’une étiquette portant la mention « Ane ». Décidément, je suis gâtée. Elle ne perd rien pour attendre, la petite Aurélie ! Sauf que si je la dénonce à mon tour, je risque d’être punie pour l’avoir accusée. Avec Maîtresse Cindy, il faut s’attendre à tout. Pour le moment, je dois agripper les barreaux avec mes mains et cette fois-ci, ce sera à la cravache d’entrer en action. Maîtresse Cindy la manie avec dextérité. Perfectionniste. Le souci du travail bien fait. Propre. Élégant. Je me dandine un peu. Mon bonnet tombe. Je dois le remettre et le tenir avec les mains. Cela m’évitera la tentation de les utiliser pour protéger mes fesses en tentant d’arrêter les coups. Surprise. A plusieurs reprises, Maîtresse Cindy utilise sa cravache pour tapoter ma verge qui s’est dressée. Impossible de dissimuler que ce contact par-devant ne me laisse pas indifférente. Les coups sont bien dosés. Juste suffisants pour m’exciter. Elle en profite pour prendre une photo. Le chronomètre sonne. Encore cinq minutes d’écoulées.
Mon gros fantasme serait qu’elle réussisse un jour à me faire réellement pleurer. Non pas pleurer comme un adulte, sous l’effet d’une souffrance purement physique à la limite du supportable. Ce n’est pas ça que je recherche. Je ne veux pas hurler de douleur. Mais éclater en sanglots comme une collégienne qui ferait face à la même situation que celle que je suis en train de vivre. Coller jusqu’au bout à mon personnage. Même dans ces circonstances-là, penser à réagir comme elle le ferait. Abandonner ses réflexes d’adulte. Sous la douleur, c’est difficile. Mais j’imagine que ce n’est pas impossible. Je voudrais donner libre cours à mes émotions comme une enfant démunie, seule, sans défense, victime de l’injustice des adultes, humiliée devant ses camarades, livrée à leurs quolibets et à leurs sarcasmes. Retrouver ces sensations troubles de peine et de plaisir. Allongée, les fesses à l’air, sur les genoux d’une institutrice intraitable pour une leçon mal apprise. D’une tante sévère à qui vos parents vous confient pendant un mois l’été et qui entend bien profiter de votre présence pour vous plier à son autorité. D’une monitrice de colonie trop heureuse de donner libre cours à ses pulsions sous prétexte de faire respecter la discipline.
Heureusement, la pause est là pour me permettre de respirer quelques instants. De me frotter là où ça chauffe. Et ça chauffe beaucoup ! J’imagine un rouge écarlate. Certainement déjà bien soutenu. Je ne me fais aucun doute là-dessus. Et maintenant, le fouet à longues lanières épaisses. A mon avis, beaucoup plus redoutable que les deux martinets précédents. Je ne me suis pas trompée. Ne pas chercher à me crisper. C’est encore plus douloureux quand le choc ne peut pas être en partie absorbé par le gras du muscle. Par-derrière, ma main tente de faire écran. Peine perdue. Maîtresse Cindy sait trouver l’angle qui lui permettra d’arriver à ses fins. Je n’ai plus qu’à attendre.
Et à me préparer à l’étape suivante. Le strap, cette lanière de cuir épaisse utilisée dans les collèges anglais pour remettre dans le droit chemin les jeunes filles indisciplinées. Plus la fin approche, plus l’épreuve est douloureuse. D’autant plus que là aussi, comme avec la cravache, Maîtresse Cindy ne se contente pas de me donner des coups sur les fesses mais aussi de passer par-devant pour en gratifier ma verge qui apparemment apprécie. Au point où j’en suis, rien n’est trop bon et si je réagis comme ça, c’est qu’il me reste de la marge. Un indicateur pour Maîtresse Cindy lui montrant qu’elle peut continuer sans s’occuper de rien d’autre. Et elle le fait avec application, méthode, concentration. Jusqu’à la fin du temps réglementaire.
« Maintenant, Mademoiselle Claire, vous allez vous mettre à quatre pattes. » Nous sommes toujours dans la salle de classe, face à la grille d’entrée. Je peux imaginer que mes petites camarades, attentives au moindre détail, suivent avec intérêt toutes les phases de ma punition. « Prosternez-vous en avant, le front contre le sol. C’est très bien. Comme ceci, vos fesses seront parfaitement tendues et offertes. » Je l’entends s’éloigner un instant dans la pièce d’à côté. Changement de musique. Style chansons populaires. Les feuilles mortes. Les pas des amants désunis… Chansons allemandes aussi. Le son a été poussé. Maîtresse Cindy ne tarde pas à revenir. Je sens immédiatement entre mes fesses la pointe d’un gode. Elle l’introduit prestement. Sans douleur. J’imagine qu’il s’agit du modèle rose qui était posé sur sa table médicale. Puisque j’adore le rose, elle a tout de suite fait le rapprochement avec le reste de ma garde-robe. C’est encore de ma faute si je me punis moi-même ! En plus, il est vibrant. Intensité variable. Je ne peux pas distinguer ce qu’elle fait mais je constate qu’elle peut l’arrêter et le remettre en marche comme elle le souhaite, en appuyant sur un bouton, au gré de sa fantaisie, en fonction du rythme de la musique ou du paddle. Car c’est maintenant avec cet instrument que je suis punie. Un petit paddle en cuir épais, une sorte de palette de forme ovale, certainement étudiée pour la plus grande efficacité. Toujours la même progressivité. Doucement au début, plus rapidement et plus intensément vers la fin. Supporter l’épreuve. Ne pas en rajouter dans les soupirs ou dans les gémissements. Montrer que je suis capable de résister. La musique est forte. La brûlure est intense. Elle ne vient pas tout de suite mais elle se manifeste avec un léger décalage et vous prend à retardement avec encore plus de vigueur. Marche-arrêt du vibreur. Je ne sais plus où me mettre et toujours ce petit short entortillé autour de mes chevilles qui entrave mes mouvements.
L’épreuve semble terminée. Je n’ose pas trop y croire. Car j’ai bien observé qu’il restait encore les deux paddles en bois. Le temps a-t-il passé trop vite ? Maîtresse Cindy est-elle disposée à faire preuve d’indulgence ? L’histoire ne le dit pas mais la deuxième hypothèse me paraît exclue. En tous les cas, le scénario n’est plus le même. Je suis autorisée à me relever et à revenir vers l’estrade. Je le fais bien volontiers en me tenant les fesses. Apparemment, ce sera la scène finale. Le sac en plastique et le gant noir ne laissent aucune incertitude sur l’épreuve qui va suivre. Celle des orties. Elle m’ordonne de me mettre à genoux juste en bas de l’estrade et dispose devant moi une feuille de papier absorbant. Ah, le papier absorbant ! L’indicateur tangible de la fin de mes tourments. D’un dénouement agréable. Le signe explicite de l’autorisation qui va m’être octroyée de pouvoir enfin prendre mon plaisir. Il n’y a plus aucun doute. Tout va se jouer dans quelques instants. Pouvoir se relâcher après avoir tenu le plus longtemps possible. Elle s’assied devant moi. Juste devant moi. Et baisse ma culotte.
Quelques tiges magnifiques d’orties amoureusement cueillies le long des fossés quelque part dans la verte campagne. Il ne s’agira pas d’une fouettée comme je peux le craindre mais de caresses insistantes sur ce que j’ai de plus fragile : ma verge, mon entre-jambe, la surface de mes fesses surchauffées. Les feuilles effleurent la surface de ma peau tandis que mon pénis est fermement serré dans l’étau de son gant noir. Curieusement, la piqûre est supportable. Peut-être est-ce parce qu’à cette saison, la nature commence à s’endormir. Dans d’autres occasions et avec les mêmes plantes, je garde des souvenirs plus cuisants. Maîtresse Cindy s’en étonne. Je ne vais pas m’en plaindre. Elle m’autorise à me masturber, à prendre mon plaisir, à aller jusqu’au bout. Simplement, il faudra que je me répande dans le creux de ma main. J’aurais préféré une délivrance plus exubérante mais je comprends qu’assise devant moi, elle ne souhaite pas trop s’exposer à mes effusions.
Dans l’immédiat, je me trouve un peu sèche. Ce serait tellement plus simple si j’étais lubrifiée. Madame, est-ce que vous pourriez me donner une goutte de gel ? Elle me regarde d’un air sévère, les sourcils froncés. « Cela vous boucherait l’anus… » Je comp rends ma faute. Elle n’a pas besoin de compléter sa phrase… « de me le demander poliment »… « de me dire s’il vous plaît ». Sans doute ai-je été trop brutale. Impatiente d’en finir. Obsédée par ce seul objectif. J’essaie de me rattraper. Mais cette phrase assez dure, je l’entends encore. A ce moment critique et à sa place, je ne l’aurais pas prononcée. Une noix de gel suffit à produire le miracle. Quelques instants encore. Une main puis l’autre. Maîtresse Cindy m’observe. « Vous seriez prête à tout, offerte par-devant et par-derrière, n’est-ce pas Mademoiselle Claire ? » Je réponds oui, non pas pour qu’elle entende la réponse qu’elle attend mais parce qu’à cet instant précis, c’est complètement ce que je ressens et ce dont je serais capable. Mon attitude doit le révéler. Elle n’a même pas besoin de le lire dans mes pensées. Cette dernière image est celle qui fait tout basculer… Je m’abandonne… discrètement… puisque c’est la consigne. Une pause puis Maîtresse Cindy se saisit de ma main gauche et la porte à hauteur de mes lèvres. Je comprends que je n’aurai pas d’autre choix que de boire ma propre liqueur. D’aller jusqu’au bout de ma soumission. J’obéis. Elle me demande quel goût ça a. J’hésite à répondre. Elle le fait à ma place. « Ça a le goût d’un gros bonbon rose ! » Exactement la réponse qu’il fallait pour cette chipie de Claire Grenadine !
Maîtresse Cindy me demande de déposer un baiser sur son pied
posé sur l’estrade. Je le fais avec plaisir. Le rideau se ferme sur la scène. Les projecteurs s’éteignent. Elle me demande d’essuyer les traces de ma pollution sur le sol. Je rejoins la salle où
je me suis changée pour me déshabiller. Avec son accord, je lui laisserai tout un assortiment d’élastiques de couleur pour nouer les cheveux. Ils pourront servir une autre fois. Il faut que je me
dépêche. « Il est 19h.15 », me dit-elle en souriant. « Vous allez être en retard ! » Je n’ai pas vu le temps passer. Quand je suis avec elle, il est arrêté. « C’est
votre tenue pour faire de la gym ? », me demande-t-elle. Je lui réponds oui. Sans doute y a-t-il un léger malentendu. Je ne vais pas dans les salles de gym avec cet accoutrement mais je
m’en sers réellement pour faire du jogging, dans la nature, en province, loin de Paris. Je lui avoue même que j’ai un ensemble identique, blanc bordé d’un galon bleu pâle. Je lui confie que
courir dans cette tenue me procure des sensations érotiques très agréables. Quand je croise quelqu’un, parce que cela m’arrive, je prends l’air concentré de la coureuse à pied tout à ses efforts
et je guette du coin de l’œil sa réaction. Entrevue fugitive. C’est à peine s’il (ou elle) m’a vue que je suis déjà plus loin. A ce petit jeu, je crois que j’ai dû en surprendre plus d’un et plus
d’une.
Douche éclair. Je me rhabille. Nous nous retrouvons dans l’entrée du donjon. Maîtresse Cindy évoque déjà la fin de l’année. Elle a sans doute raison, je n’aurai pas l’occasion de la revoir
d’ici-là. Je préfère ne pas y penser. A deux reprises, elle me demande de lui envoyer le compte-rendu de la séance que nous venons de partager. A constater son insistance, je prends conscience de
l’intérêt que mes récits peuvent présenter pour elle alors que - je n’ai pas honte de l’avouer - je les rédige dans un but très égoïste et avant tout pour moi. Pour conserver des souvenirs
agréables. Pour retenir le cours du temps. Nous nous embrassons. « On s’écrit », me dit-elle.
La porte se referme. Je retrouve le bruit de la rue. Il est 20h.20 quand j’arrive à la maison. Dans le bus, l’esprit encore tout encombré des événements qui viennent de se dérouler, j’imagine le dialogue amusant que je pourrais vivre. « C’est à cette heure-là que tu rentres ? Oui, désolée, un travail urgent à terminer. Tu veux la fessée ? Ce n’est pas la peine, c’est déjà fait ! Pardon ? Non, non, rien…. »
Si, si, je vous assure, elle est hyper sévère !
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