Je ne me rappelle que l'émotion des choses. C'est peut-être stupide, mais
il faut que je l'écrive pour y croire. Comme si un texte noir sur blanc allait m'apporter la preuve irréfutable que je n'ai pas rêvé. Oui, c'était bien début juillet. Non, je ne raconte pas
d'histoire. Oui, j'ai fait une grosse bêtise. Non, je ne m'en croyais pas capable. Oui, je suis très heureuse de l'avoir faite. Non, je ne regrette rien.
De quoi s'agit-il ? Rien d'extraordinaire en apparence. Un événement de tous les jours. Après m'avoir habillée et maquillée en femme, Maîtresse Cindy m'a emmenée faire des courses dans une boutique de vêtements en plein Paris, du côté du Centre Beaubourg. Voilà, c'est dit. Cela peut paraître insignifiant. A la limite presque banal. C'est tout ? Et alors ? Alors, c'est beaucoup plus facile à résumer qu'à vivre en réel. Et puis, je voudrais bien vous y voir à ma place. Pour ma part, je peux en parler maintenant, à tête reposée, mais sur le coup, j'ai vécu une épreuve comme je n'en avais jamais connue jusque là.
Ce qu'il y a de bien avec Maîtresse Cindy, c'est qu'elle finit toujours par vous surprendre à un moment ou à un autre.
Cette fois-ci, le choc a été plus rude que d'habitude. C
ar nous étions parties sur un projet totalement différent. Sur une idée originale et estivale.
Sortie tout droit de l'imagination de ma maîtresse. Celle d'un pique-nique à vélo quelque part. Là où les jeunes filles peuvent se perdre... pour s'exhiber, avait-elle pris le soin de préciser,
sans doute pour renforcer l'effet de mystère. Et naturellement, comme d'habitude, mon imagination s'était mise en marche au quart de tour. Je me voyais déjà dans les bois, attachée, à demi
dévêtue, aux branches d'un arbre, telle Catherine Deneuve dans la première scène de « Belle de jour », ou bien culbutée sur le tronc d'un arbre pour y être fessée énergiquement devant
des promeneurs enthousiastes.
Et puis, la météo n'étant pas précisément au rendez-vous ce jour-là, l'idée du pique-nique est tombée à l'eau. C'est alors que ma maîtresse a sorti de ses cartons son plan B sans m'en dire trop par avance pour ne pas gâcher le plaisir. Je pouvais ranger mon Vélib, ma tenue de sport, mon sac à dos et mon petit goûter. J'avais tout faux. Nous avions finalement rendez-vous au donjon. Comme d'habitude. Sur le coup, j'ai été déçue. Je me faisais une joie de renouveler, cette année encore, une expérience originale dans un cadre bucolique. Le genre de bouffée d'oxygène à ne manquer sous aucun prétexte quand on est élève du Severity College. A la place, nous allions devoir sans doute réviser une fois de plus nos tables de conjugaison, nos verbes irréguliers ou notre histoire de France. La grisaille à la place du soleil.
Toutefois, en arrivant au collège, j'ai rapidement pressenti que les événements allaient prendre une tournure différente. Difficile, à ce stade, de savoir laquelle. Mais que nous nous
écarterions d'une façon ou d'une autre du cours habituel. Pas d'entrée en matière. Pas d'uniforme non plus. Ce qui m'a surtout mis la puce à l'oreille, c'est la question que m'a posée Maîtresse
Cindy sur un ton très neutre, presque anodin, au détour de la conversation : vous n'habitez pas très loin du Châtelet, n'est-ce pas ? Sous-entendu, là où nous serons, vous pourrez revenir
directement chez vous. Dans le contexte, j'ai tout de suite saisi que si le pique-nique était abandonné, la sortie, elle, ne l'était pas et qu'à défaut d'aller batifoler dans la nature, je
n'échapperai pas à une balade à pied dans Paris.
Et là, j'ai commencé à paniquer. Car contrairement aux fois précédentes, où dans des circonstances semblables, j'avais pu
rester confortablement vêtue de mes ef
fets civils, il ne faisait maintenant plus guère de doute que nous allions passer à la vitesse supérieure. Que nous tournerions la séquence en décor naturel. La phase des
répétitions était achevée. Le temps était venu de me faire éprouver le grand frisson du direct. Le face à face avec le public. Je ne disais rien. J'avais du mal à y croire. Je devais espérer
secrètement que se produirait un événement imprévu, un coup de théâtre, que ma Directrice finirait par changer d'avis. Mais j'ai préféré ne rien dire. En m'opposant, je n'étais pas dans mon rôle.
Celui que j'ai accepté de tenir à l'origine et que je m'engage à jouer quand je suis avec elle. De surcroît, contester ouvertement son projet aurait sans doute provoqué le résultat contraire. Une
détermination sans faille de sa part de le mener à son terme quoi qu'il arrive. Et puis, sur un plan que je qualifierais d'affectif, je lui aurais désobéi pour la première fois. Cela m'aurait
gêné de la contrarier. C'était également un test au milieu de mon parcours de formation. Aussi difficile soit-il, il restait à ma portée. En relevant le défi, je lui confirmais que ses leçons
avaient porté leurs fruits, que j'avais évolué, que j'avais certainement encore des progrès à faire, mais que j'étais mieux dans ma tête, que j'étais heureuse de le lui montrer et fière de lui
appartenir.
De son côté, en tous les cas, il était clair que nous irions jusqu'au bout. Elle avait d'ailleurs déjà préparé ma tenue
ou disons, un choix de diverses tenues possibles à ma taille. Pour faire court, il
allait de soi que je porterais mon petit ensemble de lingerie Charlotte acheté l'an dernier. Jusque là, rien à dire. Je me sens très bien dans mon string. Le genre de vêtement qui est
là pour me rappeler en permanence que je suis une fille, si jamais l'idée saugrenue me venait de l'oublier. Et le soutien-gorge assorti. Un 90 B. Je l'adore. Il me rappelle tout plein de choses
agréables. Pour le reste, ma maîtresse avait apparemment en tête de me faire porter quelque chose de léger, en coton de préférence, et blanc car la saison s'y prêtait. J'ai donc enfilé tour à
tour un bermuda puis une culotte rétro sous une jupe portefeuille associée à une chemise Lacoste impeccable. Ce n'est pas que ces vêtements ne m'allaient pas mais j'ai compris que ma maîtresse
n'était pas entièrement satisfaite de ce premier essayage.
C'est finalement un look totalement différent qu'elle m'a donné. Moins adolescent. Plus femme. Dans les noirs. En même
temps qu'un indice supplémentaire pour la su
ite. Nous allions
momentanément remiser au vestiaire l'uniforme habituel. La petite collégienne allait s'effacer devant un personnage nouveau. Habillé d'un body transparent. D'une paire de collants ornés de motifs
argent sur le côté. D'une robe noire toute simple, à manches courtes, zippée dans le dos, avec des motifs en vinyle blancs, rouges et noirs devant, dans le bas. Mon personnage a pris forme
progressivement. Notamment lorsque j'ai enfilé ma perruque bleue, avec ses deux petites couettes sur le côté. Durant toute cette phase de préparation, j'ai senti ma maîtresse absorbée, réfléchie,
concentrée, comme si elle évaluait dans son esprit les conséquences de ses choix, qu'elle en pesait gravement les avantages et les inconvénients. A mon sens, cette attention extrême ne pouvait
traduire que le souci de soigner mon apparence dans la perspective d'un départ imminent.
Embarras du choix pour les chaussures. Bien réfléchir avant de me décider. Privilégier le confort (marcher convenablement), ajouter une touche d'élégance (sélectionner un modèle en harmonie avec le reste de mes vêtements), ne pas me sentir ridicule. Pourquoi ne pas tenter ces escarpins argent à talons. Des talons que je qualifierais de raisonnables. Un peu osés, peut-être, mais j'ai tout de suite senti qu'ils prolongeraient bien mon personnage, ne serait-ce que parce qu'ils se marieraient avec la couleur noire de mes vêtements et les motifs de mes collants. Enfin, Maîtresse Cindy m'a fait enfiler une veste en cuir trois quarts pour compléter l'ensemble.
Le choix d'un chapeau s'est ensuite révélé plus problématique que prévu. Un béret ? Une casquette ? Sur le haut
du crâne ? Sur le côté ? Gauche ? Droit ? Elle a hésité, sollicité mon avis
et finalement opté pour un bandeau noir noué derrière la tête. L'effet n'était pas vilain. Ce couvre-chef
improvisé aurait au moins le mérite de cacher une partie de mes cheveux. Une perruque bleue dans la rue, ce n'est pas courant ! Pour terminer, une touche de maquillage. Mon intuition s'est
confirmée. Habituellement, elle ne se donne jamais autant de mal pour me préparer. D'abord un léger voile de poudre sur le visage. Ensuite, les lèvres, dont elle a d'abord dessiné les contours au
crayon avant d'y appliquer du rouge, rappel subtile du motif de ma robe. Enfin, un soupçon d'eyeliner pour faire ressortir mes cils et illuminer mon regard. Quitte à être une femme, autant l'être
jusqu'au bout.
Voilà, c'était fini. Le reste ne dépendait plus d'elle. J'étais maintenant au pied du mur. Il m'appartenait de sauter ou
non le pas. Comme si subitement une page venait de se tourner. D'ailleurs à partir de ce moment-là, l'attitude de ma maîtresse n'a plus été la même. Mentalement, celle-ci venait sans doute de
finaliser la première étape de son projet. Elle s
'est assise dans un
fauteuil et a allumé une cigarette. Repos après la tension. Un geste tout à fait inhabituel pour une directrice de collège censée donner l'exemple. Non, décidément, nous n'étions plus en classe.
Nous devions être ailleurs. Et c'est là qu'elle m'a posé la question cruciale : alors Claire, vous êtes prête pour sortir ?
Je la redoutais tout en pressentant qu'elle finirait bien par arriver. Que nous ne continuerions pas à tourner indéfiniment autour du pot. Angoisse totale. J'étais là, habillée et maquillée, debout devant elle et elle me dévisageait, assise, souriante et détendue, comme si cette interrogation était de pure forme, que mon consentement était acquis depuis le début, que tout le reste allait s'enchaîner le plus naturellement du monde, que nous vaquerions à nos occupations comme si de rien n'était, que d'ailleurs personne ne nous remarquerait, et que tout se passerait pour le mieux. Je me souviens avoir hésité. J'ai répondu ni oui ni non mais que j'avais peur. Et c'est ce sentiment très fort d'anxiété, de trac, qui n'a pas cessé de me tenailler pendant quasiment tout le reste de l'après-midi. Si je devais garder une seule impression de cette sortie, ce serait celle-là. Une peur indicible, rentrée, froide, accompagnée de son lot de symptômes physiques incontrôlables : des crispations au niveau de l'estomac, le pouls qui se met à battre plus vite, une sorte de moiteur qui vous parcourt la surface de la peau. Pas de quoi jouer la faraude, Claire ! On rit moins quand on s'apprête à jouer pour de vrai.
Ma maîtresse a alors cherché à comprendre. Peur de quoi, Claire ? Peur de ne pas être à la
hauteur ou peur d'affronter le regard des autres ? La question était pertinente. A vrai
dire, je ne me l'étais pas posée dans ces termes, dans l'incapacité où je me trouvais d'analyser la situation à froid. J'ai répondu que j'appréhendais surtout de me sentir ridicule. Insuffisant
sans doute. Mais pas totalement absurde non plus. Je suis tellement attachée à mon personnage que je le voudrais parfait. Irréprochable. Parce que bien loin de m'être étranger, il fait partie de
moi-même. Je m'identifie à lui totalement. Et la pensée que je puisse un jour circuler dans la rue dans une tenue semblable ne m'avait jamais effleurée. Ce plan B me paraissait diabolique.
Inimaginable. Bien au-dessus de mes possibilités.
Et là, j'ai touché du doigt mon incohérence, le paradoxe d'une situation que j'appelais de mes vœux tout en l'excluant
mentalement. La puissance d'un fantasme en apesanteur, qui peut rester finalement agréable et inoffensif tant qu'il demeure cantonné au domaine de l'imaginaire, mais qui risque d'exploser
violemment au contact de la réalité. Maîtresse Cindy a eu beau jeu de me rappeler que je lui avais communiqué mon enthousiasme à l'idée d'un pique-nique et qu'elle ne
comprenait pas qu'une autre sortie du même genre - peut-être moins champêtre - pouvait susciter une
telle réaction de ma part. Quitte à plaider contre mon camp, je dois reconnaître qu'elle avait entièrement raison. Ne lui avais-je pas écrit quelques jours plus tôt que j'imaginais déjà notre
expédition, quand, une fois sur mon Vélib, « une brise légère soulèverait ma jupe en corolle autour de ma taille. Les passants souriraient. Je ferais semblant de ne rien remarquer. Il ferait
beau. Je serais heureuse. »
Finalement, dominer quelqu'un, ce n'est pas simplement le soumettre ou l'asservir, c'est aussi, et peut-être surtout, l'accoucher de ses fantasmes, l'aider à les extérioriser, avec ce que cette naissance peut parfois comporter de pénible et de douloureux, mais aussi de libérateur. Afin qu'il finisse par s'accepter tel qu'il est. Qu'il quitte l'obscurité de la coulisse et consente à se projeter sur le devant de la scène.
Elle a ajouté que personne ne nous remarquerait, que je me faisais des idées, qu'il y avait toutes sortes de gens
bizarres dans le quartier, qu'il en faudrait beaucoup plus pour mettre les passants en émoi, qu'on me trouverait même peut-être jolie et qu'on se retournerait sur mon passage. Là, elle y allait
peut-être un peu fort ! J'ai souri. Elle aussi. Ce qui m'a fait plaisir, c'est qu'elle m'ait proposé cette épreuve. Parce que cela voulait dire qu'elle m'en sentait capable. Que j'avais déjà
franchi pas mal d'obstacles dans le passé. Un à un. Mais que celui-ci était à ma portée. Car une dominatrice est aussi celle qui sait aider son
partenaire à se surprendre et à se dépasser.
Sortir, d'accord mais pour aller où ? Inutile d'insister. Je ne le saurais qu'au tout dernier moment. Mais maintenant que mon consentement était donné, je me sentais plus libre d'en négocier les modalités. Si nous devions gagner le centre de Paris, je préférais que nous déplacions en taxi. Pas par caprice, mais parce que je nous imaginais très mal prendre le métro. La cohue de la ligne 13, l'attente sur le quai bondé, les couloirs, les correspondances, les regards insistants des voyageurs. La honte. Tout sauf ça. Bouger. Eviter à tout prix le piège d'un endroit où je me sentirais observée comme un oiseau en cage.
Finalement et de façon paradoxale, on se trouve beaucoup moins en sécurité à l'extérieur d'un donjon qu'en dedans.
L'image habituelle qui renvoie à celle de la forteresse inattaquable est incomplète et surtout trompeuse. Ce qui importe, c'est avant tout ce qui se passe à l'intérieur. A l'intérieur de chacun
d'entre nous. N
ous transportons notre donjon personnel dans notre
cerveau. C'est très pratique ! Rien de plus rassurant que de se jouer son petit fantasme à l'abri du monde extérieur, en compagnie de quelqu'un en qui vous avez confiance et qui se montre
indulgent à votre égard. Mais beaucoup plus dur quand les murs épais de la forteresse ne sont plus là pour vous protéger, qu'ils s'éloignent au fur et à mesure que vous avancez. Jusqu'à
disparaître. Quand le rideau rouge est tiré, que le silence se fait, que les projecteurs s'allument. Et que vous vous retrouvez seule devant le public.
La deuxième condition, c'était d'obtenir que nous nous rendions à la station de taxi à pied, d'accord, mais si possible
en dehors des voies les plus fréquentées, notamment l'avenue de Clichy, d'ordinaire surpeuplée, où je me serais certainement taillée mon petit succès. Concession accordée. Maîtresse Cindy a fermé
la porte et nous avons gravi l'escalier. Parées pour le grand voyage. Dans la rue, j'ai tout de suite eu l'obsession de me trouver le plus possible en osmose avec mon personnage. Puisque j'allais
être perçue comme une femme, il fallait que je le devienne complètement. Mais sans ostentation. Nous n'étions pas sur un podium pour un défilé. Rester digne et, autant que faire se peut,
élégante. Une femme ne marche pas comme un homme. Elle fait des pas plus petits. J'ai ralenti l'allure pour me con
centrer sur cette difficulté en tentant également d'anticiper sur les difficultés du terrain. En
sens inverse, je me suis bien gardée de dévisager les gens, de peur de susciter leur attention. Le premier couple que nous avons croisé nous a à peine regardées. Là encore, je me suis dit que les
barrières qui m'isolaient du monde extérieur, je les avais surtout dans ma tête et que prêtais beaucoup trop d'importance à ma petite personne pour croire que j'étais devenue subitement le centre
de l'univers.
Tout de même, les choses se sont un peu compliquées au débouché sur le boulevard de Clichy. Une foule beaucoup plus
dense. Des badauds, des consommateurs attablés aux terrasses des cafés. Et puis il fallait bien aussi s'arrêter aux feux tricolores. Une autre fois, quand je serai plus à l'aise, je pourrai me
permettre de faire des clins d'œil aux conducteurs. Pour l'instant, profil bas. Les gens me dévisageaient dans les cars de touristes. Ah Paris ! J'ai fait semblant de ne rien remarquer.
Incapable de passer totalement inaperçue mais rassurée d'observer la plupart du temps dans le regard des autres un signe de surprise voire d'amusement plutôt qu'une réaction d'hostilité. Montée
subite d'adrénaline dans l'ascensio
n du point culminant de cette
séquence : la traversée de la place de Clichy en dehors des passages protégés pour atteindre le terre-plein central et la tête de station des taxis.
Mercedes grise. Impossible d'entendre l'adresse que Maîtresse Cindy a donnée au chauffeur. Je suis montée en premier et j'ai dû glisser sur toute la longueur de la banquette avec mon barda pour m'installer à l'autre extrémité. Difficile de rester présentable quand on n'en a pas l'habitude. Avec un peu d'entraînement, je devrais réussir à montrer ma petite culotte. Un peu mais pas trop. Juste assez pour exciter les hommes. Le moteur a démarré. J'ai poussé un soupir de soulagement. Peu importe ce que pouvait penser le chauffeur dans son rétroviseur. Si jamais il pensait quelque chose. Saint-Lazare. Place de l'Opéra. Rue du Quatre Septembre. Rue Réaumur. C'est bien ce que je pensais, nous n'allions pas tarder à arriver dans le quartier des Halles. La voiture s'est finalement arrêtée à l'angle du boulevard Sébastopol et de la rue Rambuteau. Galamment, le chauffeur nous a ouvert la porte et nous sommes descendues.
Un monde fou gravitant autour du Centre Beaubourg. Oubliée la pause taxi. On recommence. J'ai senti ma tension monter au maximum. Mon cœur se remettre à accélérer. Regards tantôt malicieux tantôt indifférents. Mon accompagnatrice a eu beau me dire que dans ce quartier, on ne s'étonnait plus de rien, je suis restée crispée, obnubilée par le besoin de me faire confirmer que nous n'en avions plus pour longtemps, que nous étions près du but, quelques minutes, pas plus, qu'elle n'avait pas prévu de faire durer mon supplice par des détours inutiles. Pour le plaisir.
Et puis soudain, l'oasis dans le désert, la terre promise, la délivrance, une rue plus étroite, plus
calme et une boutique de prêt-à-porter ou plus exactement de
prêt-à-oser dans laquelle nous nous sommes engouffrées. Le déclic entre l'avant et l'après dans cette aventure exceptionnelle. Tout se qui pourrait se passer désormais à l'intérieur m'était
d'avance indifférent car mentalement, à tort ou à raison, je considérais que je venais de réussir le plus difficile. En pénétrant dans le magasin, je venais de me reconstituer un nouveau donjon
isolé de l'extérieur. J'ai donc beaucoup mieux vécu la suite. Rassurée, détendue, et du coup, beaucoup plus près de mon personnage. Avec la vendeuse, le contact est passé tout de suite. Bonjour,
Madame, je m'appelle Claire Grenadine. Je suis en 3ème 2 au Severity College. Ma directrice m'accompagne pour choisir mes vêtements. Cela n'a pas eu l'air de la surprendre. Plutôt même
de l'amuser. Enfin une visite qui sortait de l'ordinaire. Les deux femmes ont échangé un sourire complice.
Escalier en colimaçon donnant sur une superbe salle voûtée au sous-sol. Quelques clients discrets. Des canapés profonds.
Un gros ouvrage consacré aux dessins d'Eric Stanton sur une table basse. Un salon plus qu'un magasin. Et puis des portants à n'en plus finir. Des vêtements partout. Le long des murs. Dans les
recoins. Des accessoires aussi. Et des chaussures. De toutes les formes. De toutes les tailles. Dans toutes les matières. Corsets, boléros, guêpières, porte-jarretelles, tuniques, combinaisons,
culottes, shorties, petits hauts mou
lants, tenues de soubrettes,
d'infirmières, de pom-pom girls, de secrétaires, de premières communiantes, minijupes, latex, cuir, vinyle... Mieux qu'une boutique de jouets. Qu'un éventaire de marchand de glaces. Qu'une
vitrine de confiserie. De quoi faire perdre la tête à une jeune fille qui s'initie au plaisir. Ou à son accompagnatrice. Cabines d'essayage. Maîtresse Cindy m'a invitée à me mettre à l'aise.
Débarrassée de ma veste et de mon foulard, avec ma perruque bleue, mes deux couettes sur le côté et ma petite robe noire, je me suis sentie renaître. Heureuse de me montrer en
femme.
La vendeuse nous a d'abord laissé regarder tranquillement avant de s'enquérir plus précisément de nos attentes. Je lui ai expliqué que, collégienne dans un établissement très réputé, je recherchais une tenue assez stricte sans être enfantine, car j'avais passé l'âge. Maîtresse Cindy m'a semblé approuver cette demande.
Mais contrairement à l'an passé où le choix d'un soutien-gorge et d'une petite culotte assortie chez Lily Lingerie avait
été effectué sans essayage et sans l'aide d'une conseillère, j'ai tout de suite compris que, cette fois-ci, nous pourrions jouer en « live ». Sélection de plusieurs modèles. Cabine. Je
me suis mise en tenue légère. Rideau à moitié tiré. A
quoi bon
me cacher. Nous étions entre femmes. Petit ensemble gris à fines rayures. Beaucoup de tenue. Dans le genre pervers distingué. Avec des jarretelles intégrées à la jupe. Très courte, la jupe. Et
une touche glamour comme je les aime. Ou bien, plus osé, un minishort rouge sang en vinyle ultra court. Orné par-derrière d'une fenêtre en tulle noir ajouré qui faisait ressortir mes courbes
potelées.
Chaque essayage s'est trouvé entrecoupé de diverses punitions pour les motifs les plus futiles. Je n'avais pas à chercher à comprendre. Debout, penchée en avant, les mais posées sur les genoux. Fessée à main nue en bonne et due forme, devant la vendeuse, qui semblait assister à la scène avec beaucoup de naturel et d'amusement. Un simple échauffement avant d'aller plus loin. Je n'imaginais pas que Maîtresse Cindy pourrait aller jusque là. J'adore recevoir la fessée devant une autre femme. Elle avait en fait tout prémédité. Sa petite mallette noire regorgeait d'accessoires. Des mini pinces à linge en guise de pinces à seins. Un bracelet élastique conçu pour ligaturer les testicules.
A nouveau à quatre pattes pour recevoir la fessée. Mais à quatre mains. Car maîtresse Cindy, poussant un peu plus loin
son entente avec sa complice du moment, avait maintenant associé cette dernière à l'opération. Les coups sont devenus plus appuyés. Mes fesses allaient virer au rouge écarlate. J'étais prévenue.
Jusqu'à atteindre la couleur du short en vinyle que je venais de retirer. A ma maîtresse la fesse droite. A la vendeuse la gauche.
Inutile de regarder dans le miroir. Le simple fait de les sentir m'a suffi à les reconnaître. A gauche,
les coups étaient beaucoup plus énergiques. Vendeuse peut-être mais pratiquante régulière de la fessée, j'en aurais mis ma main à couper. D'ailleurs, Maîtresse Cindy l'a rapidement laissée seule
aux commandes. En confiance. Et elle s'est très bien débrouillée. Apportant sa touche personnelle en sillonnant de temps à autre de ses ongles effilés la peau tendre de mes
cuisses.
Les recherches vestimentaires se sont poursuivies. Tant pour ma maîtresse que pour moi. Corset pigeonnant dans les roses, façon Chantal Thomass pour elle, à moins qu'elle n'opte pour un ensemble futuriste en lycra argenté, composé d'un body lacé à grosses mailles dans le dos avec des pointes par-devant et d'un short court super moulant dans la même matière. J'ai fini par la rejoindre au rez-de-chaussée où elle avait repéré à mon intention une petite jupette rose très fluide et finement plissée à enfiler avec un chemisier blanc.
Nouvelle séance d'essai.
Fermeture éclair sur le côté assortie d'une bride passée dans un anneau pour ajuster le tout. Le 40 m'allait. Inutile d'essayer la taille du dessus. Matière agréable et légère. Longueur adaptée
dégageant suffisamment le haut des cuisses. J'ai immédiatement pensé que ma maîtresse pourrait me la relever facilement à la première bêtise. Elle m'a demandé si elle me p
laisait. Je lui ai répondu oui. Et pour l'étrenner, elle a décrété sur-le-champ une
nouvelle séance de travaux pratiques. A quatre pattes, jupe relevée, au martinet cette fois. Les lanières se sont mises à cingler. J'ai fermé les yeux. L'orage une fois passé, elle a posé son
instrument sur mes reins en m'ordonnant de rester dans cette position. Cela me contraindrait à rester tranquille pendant qu'elle terminerait sa prospection.
A elle maintenant de se livrer à des essayages. Et à mon tour de l'imaginer se déshabiller tout à côté, derrière le rideau. De l'admirer dans ses diverses tenues, quand elle réapparaîtrait en corset pigeonnant ou en body argent. Superbe. D'entrevoir ses seins quand elle descendrait la fermeture à glissière de sa tunique en vinyle blanche. Magnifiques. De quoi me tordre le cou, frémir d'impatience, perdre mon sang-froid, sentir venir les crampes. Et réussir à faire tomber le martinet. Maîtresse Cindy a entendu sa chute. Elle devait guetter cet instant depuis quelques minutes. Elle est revenue aussitôt vers moi, triomphante. Bien décidée à reprendre une fois de plus l'avantage. Et puisque sa complice semblait toute disposée à l'aider une fois encore, elles ne seraient pas trop de deux pour m'administrer le martinet. Ma maîtresse m'a inséré le manche d'un petit strap noir entre les dents en guise de bâillon et s'est mise à me caresser le sexe pendant que la vendeuse faisait voltiger ses lanières...
Voilà, j'en ai déjà beaucoup dit. Non, je n'ai rien inventé. Tout est vrai. La tenue. La sortie. Le taxi. La boutique. Les vêtements. La jupette rose. La vendeuse. La fessée. Le martinet.
Et la pluie pour nous rappeler à la vie quand nous sommes ressorties dans la rue.
Il était tard.
Je venais de vivre un moment unique. Beaucoup plus qu'une leçon particulière. Une expérience inédite. Une épreuve en grandeur réelle. Un examen de passage. Sans filet de rattrapage. Une métamorphose. Avec la peur en toile de fond. Et le plaisir au bout du tunnel.
En plein Paris par un après-midi maussade d'été.
J’ai une
grande, très grande nouvelle à t’annoncer : j’ai fait récemment l’acquisition de mon premier soutien-gorge. Oui, tu as bien lu, mon premier soutien-gorge. Tu es la première à qui j’en parle.
C’est tout frais, ça date de mercredi dernier. J’étais folle de joie. D’autant plus que je ne m’y attendais pas. Ou en tout cas, pas aussi tôt. Cet été, j’avais bien constaté dans la glace que ma
poitrine avait grossi et que j’avais de plus en plus de mal à boutonner mes chemisiers mais les choses se sont précipitées le jour de la rentrée. « Un peu de silence, mesdemoiselles, mettez-vous
en rangs pour la visite médicale ! » Nous voilà en petite tenue à attendre notre tour dans le couloir de l’infirmerie. Entre parenthèses, c’est tou
r arriver. Ma maman n’a pas paru l’air surprise. Elle a même trouvé très bien que ce soit ma directrice qui s’en occupe personnellement. Tant mieux, avec elle, à coup sûr, je n’aurais
pas eu un seul instant voix au chapitre. Elle m’aurait collé de force l’inévitable brassière ringarde à fleurettes en m’assurant que j’allais grandir encore et que c’était bien suffisant pour
commencer.
m’a rassurée. Elle me prenait sous son aile et
acceptait de m’initier aux mystères des « grandes ».
s de modèles de soutiens-gorges
m’attendaient, déjà disposés sur la table. J’étais très excitée. D’autant plus qu’il y avait là, juste à côté, une grande glace dans laquelle j’allais pouvoir m’observer en pied.
seins de sa Directrice.
ofondeur B qu’il fallait prendre pour cette taille.
devant, et qu’elle semblait un peu contrariée qu’ils ne m’aillent pas. Au fond,
c’est vrai, 90, tu ne trouves pas ça un peu bizarre, toi ? Histoire de rigoler un coup, j’ai failli dire à Maîtresse Cindy que son tableau devait être inexact. Qu’on commençait forcément par un
85 quand c’était la première fois. Je ne suis pas certaine qu’elle aurait vraiment apprécié. En me foudroyant du regard, elle m’aurait répondu que décidément j’étais toujours aussi insolente, que
je ne pouvais pas me retenir d’ergoter, qu’elle s’y connaissait tout de même mieux que moi et qu’elle n’avait de leçon à recevoir de personne dans ce domaine. Alors pour la faire bisquer, j’en
aurais rajouté une petite louche en lui confiant qu’elle aurait pu s’en apercevoir un peu plus tôt parce que moi, quand je me regardais dans la glace, j’avais remarqué depuis longtemps que mon
corps avait changé. De toute façon, je vais te dire, 90, je n’ai rien contre, bien au contraire. C’est même plutôt cool. A ce rythme-là, je devrais rapidement faire exploser les compteurs. Je te
parie que je vais monter à 100 l’année prochaine. A la limite du retrait de permis !
é, d’un ton enjoué, il ne
nous reste plus qu’à nous rendre dans un magasin pour en faire l’acquisition ! Je l’ai regardée fixement. Dans les yeux. Son sourire n’enlevait rien à sa détermination. J’avais du mal à y croire.
C’était pour de vrai. Pour ne rien te cacher, j’y avais déjà pensé. Je lui en avais parlé. Elle avait deviné mon intérêt. J’espérais secrètement que mon incursion initiatique dans l’univers
féminin se prolongerait sous cette forme. Tout en me rassurant en me disant que j’adorais me faire peur mais que je savais bien que je le jeu s’interromprait à l’issue des phases préliminaires,
qu’elle n’oserait pas aller jusqu’au bout et que tout cela resterait du domaine du fantasme.
ue. Vacarme de la
circulation. Un monde fou sur les trottoirs. C’était un peu stupide de ma part, mais consciente de ce que nous allions faire, j’ai eu l’impression que tous les gens que nous croisions et qui nous
observaient en souriant le savaient aussi. Maîtresse Cindy se tenait à ma hauteur et a engagé la conversation. Toutefois, préoccupée par ce que je m’apprêtais à vivre, je me rappelle l’avoir
écoutée d’une oreille plutôt distraite. Elle a eu le temps de me glisser qu’elle m’emmenait dans un magasin spécialisé, que ce serait mieux comme ça pour un premier achat, et que j’aurais bien le
temps par la suite de choisir une boutique plus conforme à mes goûts. J’ai alors réalisé qu’elle parlait sérieusement, qu’elle avait sans doute déjà tout préparé et vérifié à l’avance et que rien
n’avait été laissé au hasard. Pensive, je suis allée jusqu’à lui demander si la vendeuse avait été prévenue de notre visite. Mais elle s’est bien gardée de répondre.
annequins, retournaient les étiquettes, soupesaient l’étoffe des modèles, en appréciaient la texture, l’élasticité, la transparence, comparaient les formes et les couleurs, les
décrochaient et les portaient à hauteur de leur buste pour s’imprégner d’une première image mentale dans le reflet d’un miroir. Anticipant, par exemple, l’effet irrésistible de tel ou tel
décolleté pigeonnant vanté par le fabricant pour les échancrures carrées. Les autres plongeaient leurs mains dans les bacs et extirpaient tant bien que mal les pièces entrelacées dans l’espoir de
trouver leur taille. Ma première impression a tout de suite été la bonne. Beaucoup de choix. Des couleurs vives. Fraîches. Acidulées. L’impression soudaine de me trouver dans une confiserie.
Partagée entre le caprice de vouloir goûter à tout et la conscience attristée de devoir me restreindre.
le choisisse moi-même. J’ai pensé aussi qu’en restant sciemment dans l’ombre, elle avait surtout dans
l’idée de concentrer le faisceau du projecteur sur mes faits et gestes. Pour que l’on finisse par me remarquer. Et pour que toute ambiguïté sur la signification de notre présence soit levée. Je
n’étais pas là pour la conseiller dans son choix à elle. Que je le veuille ou non, je tenais au contraire et pour une fois le rôle principal. En tant qu’accompagnatrice, elle se limiterait à me
donner la réplique.
assorti d’un petit string super mignon. Là encore, sur les conseils de ma
Directrice, j’ai sélectionné un 90 B pour le haut et un 38/40 pour le bas. Petit à petit, les pièces de lingerie se sont accumulées sur mon bras et je me suis sentie de plus en plus gênée. D’un
côté, je n’avais pas l’intention de me priver en opérant dès le départ une présélection trop restreinte, mais de l’autre, je me conduisais de plus en plus ouvertement comme une acheteuse à part
entière, je pouvais de moins en moins me cacher. J’avançais en terrain découvert. Du coup, je me suis absorbée dans mon choix, histoire de fixer mon attention sur quelque chose pour éviter de
rencontrer le regard surpris, voire amusé ou légèrement moqueur, des clientes.
e ! Je ne sais pas si l’on a vu le rouge me monter aux joues mais j’ai pressenti que j’allais au-devant de sérieux
ennuis. Que le pire m’attendait. Un supplice insupportable car d’autres modèles m’attiraient encore. Notamment un petit rouge et noir très frais et impertinent, décoré de motifs tout droit sortis
d’une bande dessinée. Il me plaisait beaucoup. Ma Directrice l’avait, semble-t-il, repéré aussi de son côté mais l’opération était sans espoir car il n’y avait pas ma taille ni de bas pour aller
avec !
un jour. Dans l’immédiat, c’était bien celui-là
qu’il me fallait. Très simple. Très frais. Très innocent. Bien assorti à son appellation juvénile : « Charlotte ». Nos mains ont plongé à tâtons dans le méli-mélo du bac pour en extraire un
soutien-gorge à ma mesure, et faute de trouver un 38/40 pour le bas, je me suis rabattue sur un 40/42, un string craquant, décoré d’un petit nœud noir par-devant et par-derrière. Pour me montrer
que cette légère différence de taille resterait sans conséquence, Maîtresse Cindy n’a pas hésité à déplier un 38/40 dans une autre couleur. J’ai eu l’impression qu’elle le faisait moins dans
l’idée de me convaincre à tout prix que de me placer délibérément dans une situation embarrassante. Il paraît que je suis perverse mais je crois que je ne suis pas la seule.
esse Cindy
prenait visiblement un malin plaisir à marteler le sol de ses bottines noires pour me signifier son impatience. A côté, la situation ne s’arrangeait pas vraiment non plus. Ma voisine n’arrêtait
pas d’entrer et de sortir pour se contempler dans le miroir en profitant au passage des conseils de son amie restée à l’extérieur. A entendre leurs fous-rires, elles avaient l’air de bien
s’amuser. Je me suis alors décidée à me jeter à l’eau et j’ai tiré le rideau. A moitié seulement. Mais Maîtresse Cindy s’est empressée de l’écarter en grand.
e. Mes voisines de cabine, enchantées de l’aubaine, ne se sont pas gênées pour m’observer de leur côté. J’ai quitté
malgré moi ma cachette. Avec une infinie prudence. Les sens en éveil. Le regard balayant systématiquement le magasin comme un radar, soucieuse d’éviter autant que possible les mauvaises
rencontres. Tel un escargot prêt à rentrer dans sa coquille à la première alerte.
e dans tous les sens, de m’arrêter devant la glace, de repartir, je me suis sentie tellement gênée que je n’ai plus osé lever les yeux. C’était un peu comme si j’avançais sur un
podium pour un défilé de mode. On aurait cru que toute la clientèle s’était donné le mot pour converger vers le rayon lingerie. Des commentaires goguenards et des rires étouffés s’attachaient à
mes pas. A chaque fois que je faisais demi-tour pour regagner ma cabine, un sentiment étrange et indéfinissable m’envahissait. Comme si mille paires d’yeux étaient pointées sur le bas de mes
reins, attentives à ne rien perdre du spectacle.
tour était venu d’entrer en
scène. Et de jouer le personnage que l’on attendait d’elle. A mi-chemin entre l’experte technique et la psychologue féminine. Ses gestes étaient rapides et précis. J’ai senti ses doigts effilés
parcourir ma peau, effleurer mes seins, ajuster une bretelle, descendre plus bas, remonter le long de mes cuisses nues, tendre les bords de mon string très haut sur mes hanches.
la file où il y avait le plus de monde afin que mon achat ne passe pas
inaperçu. Quand notre tour est venu, elle est restée un peu en retrait, laissant croire que nous ne connaissions pas et qu’elle était la cliente suivante. La préposée s’est emparée de mon petit
ensemble et a levé les yeux vers moi comme pour vérifier qu’il n’y avait pas d’erreur. « C’est pour vous ? ». J’ai marmonné un « oui » quasiment inaudible. Elle a souri. J’ai fait semblant de
fourrager dans mon portefeuille. J’aurais donné tout ce que j’avais pour en finir et pour partir au plus vite. Elle a dû le sentir car elle a tout fait au contraire pour ralentir la cadence en
m’expliquant à voix haute - afin que tout le monde entende - que ce modèle avait beaucoup de succès en ce moment, que j’avais fait le bon choix, que j’en serais assurément satisfaite, qu’il se
lavait facilement, qu’en plus il était en promotion… Je bouillai
s intérieurement et
je sentais par-derrière les clientes se pencher sur le comptoir pour tenter d’identifier l’origine du ralentissement. Impassible, la caissière a poursuivi son petit manège, apparemment ravie de
me retenir sur le grill. Après avoir fait semblant de ne pas pouvoir enlever les pastilles antivol, elle a cru nécessaire de vérifier qu’il n’y avait pas de défauts en tendant devant elle à bout
de bras le soutien-gorge et le string. Je l’aurais giflée si j’avais pu. J’ai enfin pu régler mon achat. Il lui a fallu encore un temps fou pour le glisser dans une pochette et nous sommes
sorties du magasin, après un dernier coup d’œil goguenard dans notre direction du vigile de faction à l’entrée.
ée allait certainement marquer à jamais ma vie entière.
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