L'éducation anglaise de Claire Grenadine
Bréauté-Beuzeville. Nous montons dans le car. L’émission de France Inter se termine en principe à 11h. Il est donc encore temps de chercher à l’écouter. Mais la route ne vaut guère mieux que le rail. Les grésillements continuent. Maîtresse Cindy me fait remarquer qu’à cet instant précis, je ne m’en rends pas bien compte, mais je manifeste un don d’ubiquité assez étonnant puisque je suis censée me trouver à Lille pour mon travail, dans le donjon à Paris pour les besoins de l’émission de France Inter et en Normandie dans le cadre des sorties du Severity College. Je n’y avais pas pensé mais elle a complètement raison. Cela n’est d’ailleurs pas fait pour me déplaire. Je vous l’ai annoncé dès le début, j’affectionne les jeux de pistes.
Nous arrivons cependant à capter quelques phrases prononcées par Maîtresse Cindy en réponse aux questions du journaliste Julien Dugast et nous croyons comprendre que l’émission a été découpée en deux parties, la deuxième devant être diffusée dans huit jours, le mardi 27 juillet. Voilà donc deux bonnes nouvelles. Pour le deuxième épisode, on nous annonce l’interview de « Bijou intime »… Je m’en réjouis. Sans nul doute, un grand moment de radio à venir...
Dans l’immédiat, nous voilà arrivées à destination, la gare routière de Fécamp. Fécamp, son port, ses plages, son abbaye, sa Bénédictine, son climat vivifiant, le tout à moins de deux heures de Paris. Pour dire quelque chose de gentil à ma maîtresse, je lui fais part de ma satisfaction de me trouver en Bretagne, ce qui me vaut un regard foudroyant en retour. Décidément, mes connaissances en géographie sont désespérantes. Cela mérite une fessée magistrale, « peut-être même tout à l’heure, sur la plage », estime-t-elle utile de préciser. « Mademoiselle Claire, vous devriez savoir que Fécamp est une commune de Haute-Normandie, ancien port morutier, dans le département de la Seine-Maritime, sur le littoral du pays de Caux, à environ 40 km au nord du Havre. » Ce qui est agaçant avec elle, c’est qu’on a vraiment l’impression d’entendre parler une maîtresse.
Question logistique, Maîtresse Cindy n’a de leçon à recevoir de personne. L’organisation est à la hauteur. Pause rapide dans le hall de la gare, le temps de réallouer le contenu d’un premier sac à dos dans un deuxième afin de répartir au mieux les charges et de donner sa part à porter à chacune d’entre nous. J’étais venue avec mon cartable - quelle étourdie, cette Claire - le voilà maintenant au fond du sac, j’y gagnerai en aisance pour me déplacer.
L’excursion débute par une visite des principaux sites remarquables de la cité - quand je vous disais que ma maîtresse avait tout prévu à la seconde et au millimètre près - à commencer par l’Hôtel de Ville, enchâssé dans l’Abbatiale de la Sainte-Trinité, chef-d’œuvre du premier âge de l’époque gothique (XIIe siècle). Une nef immense, aussi longue que la cathédrale Notre Dame de Paris, d’une beauté à couper le souffle, tout comme le remarquable mobilier qui l’habille : la Dormition de la Vierge (XVe siècle), les clôtures de la première Renaissance (XVIe siècle), l'horloge astronomique à marée (1667), l'imposant baldaquin en bois doré (XVIIIe siècle) et la sépulture de Richard Ier et Richard II, ducs de Normandie.
Dominatrice, professeur, et maintenant guide touristique, Maîtresse Cindy sait tout faire. Je me contente de l’écouter mais en fait de sortie au bord de la mer, je me demande si au bout du compte nous finirons par nous rendre à la plage. Mon guide me désigne un confessionnal et m’en explique l’usage. « Profitez-en, Claire, dans votre cas, il y a beau temps que j’aurais demandé le pardon de mes fautes. » Agenouillée sur un prie-Dieu, je me recueille en attendant la venue d’un clerc. Celui-ci se présente. Je m’introduis sur ses pas dans le compartiment de droite. Le volet glisse derrière le croisillon de bois. « Je vous écoute, ma fille ». Les minutes s’écoulent. Interminables. « Au moins, vous ne serez pas venue ici pour rien », conclut sobrement ma maîtresse quand elle me voit enfin ressortir.
Arrêt rapide, juste en face, devant les vestiges du Palais Ducal et pensée émue pour Guillaume Le Conquérant qui y séjourna lors des fêtes de Pâques 1067, après sa victoire à Hastings qui le fit roi d’Angleterre. « Oui, oui, je sais, vous commencez à en avoir assez, Claire, vous avez faim et vous préféreriez vous baigner, j’ai bien compris, mais nous ne sommes tout de même pas venues ici uniquement pour nous précipiter sur nos serviettes et nos flacons de crème solaire. » Silence prudent. Inutile d’aggraver mon cas. Elle m’a déjà menacée d’une fessée. A croire qu’elle y prend plaisir. Plus encore que moi. Va savoir. Adoptons plutôt le profil bas. D’ailleurs, les événements me semblent maintenant prendre un tour plus favorable. Le panneau indicateur est suffisamment explicite, la rue piétonne nous oriente tout droit vers le front de mer.
Arrêt au passage devant un magasin de jouets. Affichée dans la vitrine, une pancarte annonce que « Chez Joupi, vous trouverez sans doute de quoi récompenser une année scolaire réussie ». « Pas précisément la magasin qui vous convient, Claire ! » Nous continuons le long des façades de belles maisons normandes, égayées ici ou là par de larges potées de fleurs. Un gros chat, compagnon virtuel de Bigoudi, prend un bain de soleil, le menton calé sur l’appui d’une fenêtre grande ouverte. Arrêt dans la cour du musée du Palais Bénédictine, bâtiment à l'architecture délirante, mélangeant les styles et les époques (gothique, Renaissance et art nouveau) qui abrite un musée consacré à la précieuse liqueur normande ainsi que des expositions temporaires d'art.
Ça y est enfin ! Nous sommes arrivées sur la promenade du front de mer. Au centre de la côte d’Albâtre, la bien nommée. Lumière impressionniste. Soleil voilé. A gauche, la ligne blanche des falaises en direction d’Yport et d’Étretat. A droite, le Cap Fagnet, culminant à 110m au dessus de la mer. En face, la mer et ses rouleaux tranquilles, quelques baigneurs intrépides, des familles assises en cercle autour d’un pique-nique. A proximité, des jeux de plage pour les enfants, un manège, quelques bancs pour admirer la vue. Au large, un vieux gréement toutes voiles dehors, la Tante Fine, chargé de son lot de touristes. Nous nous asseyons quelques instants. Le soleil ne brûle pas mais il est là, présent derrière la légère couche de nuages. Il fait bon. Instant magique. Nous avons l’impression d’être loin de tout.
Le restaurant « Les Terre-Neuvas » - référence au grand port de pêche à la morue et au hareng que fut Fécamp jusqu’aux années 70 - se trouve juste derrière. Maîtresse Cindy y a réservé une table pour deux personnes au nom de Mercier. Au fait, son nom de famille, vous le connaissez, vous ? Ne me dites pas que vous ne vous êtes jamais posé la question ! Cindy, admettons, Mercier, pourquoi pas ? Cindy Mercier, ça ne sonne pas mal. C’est peut-être ça. L’alliance d’un prénom flashy et d’un nom plus conventionnel. Un mélange détonant. Le reflet de sa personnalité et de ses goûts. A la fois classiques et modernes. Carlo Gesualdo (1560-1614) et Frédéric Acquaviva (1967-2087), Le Tintoret (1518-1594) et Jean Dubuffet (1901-1985), l’apiculture et les soirées lesbiennes et transsexuelles, les brocantes rétro et le mobilier contemporain...
Située au premier étage, la salle surplombe la plage et offre une vue panoramique sur la baie. Nous nous installons. Je laisse ma maîtresse occuper la place d’honneur, face à la mer, tandis que je m’assieds à sa gauche. Peu de convives. Des tables espacées. Une sensation de luminosité et de raffinement. Les couverts et la verrerie étincellent sur la nappe immaculée. Le plaisir avant le plaisir.
La jeune serveuse nous apporte la carte des menus et des vins. Consensus immédiat. A journée exceptionnelle, déjeuner exceptionnel. Une petite folie pour commencer. Un clin d’œil à la spécialité locale, poussé jusqu’à la provocation. Sortir la Bénédictine de son statut poussiéreux de liqueur digestive pour la promouvoir au rang d’apéritif. Un choix original. Peut-être un peu téméraire. Il va falloir tenir la distance. Et la journée est loin d’être finie. Menu réception. Carrousel d’entrées en verrines. Profiterole au chèvre frais. Confit d’oignons. Émulsion de foie gras. Chutney de figue. Émietté de saumon aux raisins secs. Mariage subtile des saveurs. Équilibre des accords. Balance des graves et des aigus. Si c’était de la musique, ce serait de la musique de chambre. Un quatuor de Schubert.
Pour suivre, un dos de carrelet, sauce au citron confit, biscayenne et risotto crémeux. Accompagné d’un verre de Bouzeron. Non, ne me dites pas que vous ne connaissez pas le Bouzeron. Ou bien alors vous êtes passé trop longtemps à côté de ce Bourgogne de la Côte Chalonnaise, une superbe synthèse de vivacité et de rondeur, un vin gourmand et délicatement puissant. Et pour finir, une farandole de mignardises accompagnant le café. Je note au passage que ma maîtresse n’est pas insensible aux pâtisseries. Maud et Guillaume, les responsables du restaurant sont absents, nous aurions eu le plaisir de les féliciter. Maîtresse Cindy avait même envisagé de leur demander de préparer un menu enfant à mon intention, avec une glace aux smarties en dessert. Elle me connaît bien. J’adore les bonbons. Je ne suis pas la seule.
14h30. L’horaire est à peu près respecté. Mais il ne faut pas perdre une minute. Le plus important reste à faire. Oui, je le sens, vous aussi vous trouvez le temps long. Pas besoin de vous voir pour comprendre. Une seule chose vous obsède : c’est bien beau tout ça mais elle va la prendre quand sa raclée, Claire ?
Voilà, voilà, ne soyez pas impatients, nous y venons. L’intensité du fantasme est directement corrélée avec le temps que l’on met à le faire grossir. Là, il est encore en train de mûrir. Mais nous ne sommes plus très loin du moment où il va exploser…
D’ailleurs, à ce stade de mon exposé, et pour faire monter la tension d’un cran supplémentaire, je vous propose une pause sous la forme d’un écran de publicité. Vestimentaire, en l’espèce. C’est un détail qui m’a échappé sur le vif mais que j’ai reconstitué par la suite. Je ne crois pas, en effet, me tromper en disant que ma maîtresse a profité des toilettes du restaurant pour se changer. Pour dire les choses autrement et de façon très directe, elle ne portait pas la même petite culotte avant et après le déjeuner. J’en suis quasiment sûre. Avant, elle portait une petite culotte classique, que je qualifierais volontiers de sage (mais pas trop non plus), de confortable, vraisemblablement en coton, et de commode pour voyager. Le genre de petite culotte que l’on mettrait aussi en vue d’un rendez-vous chez le médecin. Je sais de quoi je parle. J’ai eu tout le loisir de l’observer discrètement durant la matinée. J’adore deviner la forme et le liseré d’une petite culotte sous les vêtements d’une femme. Cela stimule mon imagination. Chipie, impertinente, bavarde, et vicieuse par-dessus le marché, j’entends déjà les sarcasmes de ma maîtresse ! En attendant, je peux vous dire qu’un peu plus tard, sur la plage, sa tenue n’était plus la même. Elle portait un bas de maillot de bain blanc également mais plutôt de forme boxer. Vision fugitive. Il y a des images qu’on n’oublie pas.
Je referme la page de réclame.
Il va falloir juste marcher encore un peu. Longer les quais, traverser le pont, passer de l’autre côté, viser l’entrée du port avec sa bouée rouge à tribord, emprunter les estacades, ces jetées à claire-voie formées de palées de pieux en bois, pour canaliser le courant, en admirant au passage la ligne des façades où les anciennes demeures des armateurs côtoient les maisons modestes de matelots en brique et silex.
Nous progressons jusqu’à l’extrémité du quai. Une vieille grille rouillée et ouverte - transgression de l’interdit - nous permet d’accéder au pied de la falaise. Impressionnant. Un à-pic raide et vertical comme une paroi de haute montagne nous surplombe de toute sa hauteur. Le lieu fixé par ma maîtresse pour m’administrer la correction. Pas vraiment la plage grand public. Pas non plus la crique isolée et inaccessible. Plutôt le genre d’endroit fréquenté par des gens différents, moins grégaires, plus originaux, épris de liberté et d’espace. Certains sont là devant nous, évoluant entre les rochers. Nous continuons à avancer. La marche sur les galets ralentit nos pas. Il nous faut contourner de gros blocs détachés de la falaise.
Arrêt. Nous allons pouvoir nous préparer à l’abri de l’un de ces rochers. La vue sur la mer est dégagée. La marée est montante. Maîtresse Cindy extrait de son sac à dos les vêtements et les accessoires qu’elle me destine : ma perruque bleue, une paire de sandales roses fluorescentes en plastique - du plus bel effet - et surtout, surtout, un ravissant petit maillot. Un modèle une pièce rose à pois noirs, largement échancré par-derrière et assorti de bretelles volantées. Elle a tout bon. J’adore. Le rose, c’est ma couleur fétiche. Et ce maillot, je suis sûre qu’il va m’aller avant même de l’avoir enfilé. Il lui appartient. Elle l’a porté. Nous faisons la même taille. On pourrait presque dire que nous sommes deux sœurs jumelles.
Nées sous le signe des gémeaux
Mi fa sol la mi ré, ré mi fa sol sol sol ré do
Aimant la ritournelle, les calembours et les bons mots
Mi fa sol la mi ré, ré mi fa sol sol sol ré do
Enfin gémeaux, pas vraiment, il faut que je vous dise, en fait Cindy est Vierge. Elle ne le clame pas sur tous les toits. Si, si, je vous assure, c’est elle qui me l’a avoué. Personnellement, ça ne m’étonne pas. Pour une élève du Severity College, la directrice est forcément la référence absolue. Un modèle. Un idéal. L’archétype de qualités morales au-dessus de tout soupçon. Une maîtresse-étalon. Si j’étais un homme, je trouverais ça même encore plus excitant. La soumission, rien que la soumission. L’exacerbation du désir sans contrepartie. La frustration vécue comme un plaisir. Le don de soi sans espoir de retour. Et puis c’est conforme à son personnage. Une maîtresse SM est forcément inaccessible.
Je passe mon maillot. Sous le coup de l’émotion, je mets l’endroit à l’envers. Ma maîtresse a beau jeu de relever mon étourderie. Je rectifie immédiatement la position. C’est effectivement mieux comme ça.
Un deux trois, elle tremblait de montrer quoi ?
Son petit itsi bitsi tini ouini, tout petit, petit, bikini
Qu'elle mettait pour la première fois
Non, je ne me tremble pas. Je me sens bien, pas du tout ridicule. Prête à affronter les regards. Tous les regards. La coupe est échancrée par-derrière, suffisamment pour mettre en valeur mes formes potelées. Quelle exhib cette Claire ! Nous sommes là un peu pour ça aussi, non ? Sinon, à quoi bon ? Nous aurions pu rester claquemurées derrière les murs du donjon. Mais justement, c’est quand ils ne sont plus là pour nous protéger que le risque est plus élevé, le plaisir plus intense.
Pendant que ma maîtresse se change à son tour, je m’en vais barboter dans une flaque. En raison de la chaleur ambiante, le contact de l’eau est très agréable. Je me penche pour rechercher une crevette ou un petit poisson. Ma maîtresse m’observe et prend des photos. Disons que nous en sommes encore aux préliminaires. La récréation va bientôt cesser. Au milieu de la flaque, Maîtresse Cindy me désigne un rocher arrondi un peu plus haut que les autres, recouvert d’une fine mousse d’algue verte. Sa forme me fait penser à un coffre de flibustier au couvercle rebondi. Le trésor de Rackham le Rouge. Un coussin idéal pour y reposer ma poitrine après m’être agenouillée devant. Une sorte de banc à fessée grandeur nature planté là pour accueillir les élèves dissipées dont on dégage soigneusement les fesses avant de leur appliquer la fessée.
A distance, un photographe amateur se dirige vers nous, visiblement intrigué par la scène qui se prépare. Il en faut plus pour déstabiliser ma maîtresse. Celle-ci se contente de m’appliquer un foulard sur les yeux. J’interprète ce geste comme la volonté de me laisser dans l’incertitude sur ma punition mais aussi comme un moyen de protéger mon anonymat. Effectivement, sans plus tarder, la correction commence. Fessée à mains nues. Les claquements, d’abord légers, puis progressivement de plus en plus forts, résonnent curieusement entre les rochers et contre la falaise. L’écho amplifie sensiblement le son. J’ai la soudaine impression que tout le monde va nous entendre et venir voir ce qui se passe. Ma maîtresse est loin de me détromper. Elle me signale d’ailleurs que le photographe se rapproche et, percevant un mouvement d’hésitation de sa part, elle l’invite au contraire du geste et de la voix à venir plus près encore. Est-ce vraiment nécessaire ? Apparemment non. Son appareil est doté d’un puissant téléobjectif qui lui permet d’opérer à distance. D’ailleurs, rapidement, il n’est plus seul sur le lieu du spectacle. Un deuxième confrère se rapproche. Décidément, en ce mardi après-midi, il se passe de drôles de choses au pied du Cap Fagnet.
La fessée continue, accompagnée des commentaires de ma maîtresse qui m’indique que ma correction se présente bien, qu’elle est sur la bonne voie, que nous quittons le rose chair naturel pour nous rapprocher insensiblement de la couleur de mon maillot. Elle a resserré les bords de ce dernier dans la raie de mes fesses.
La première étape semble avoir été atteinte. Je l’entends s’écarter, fouiller dans son sac et revenir, cette fois-ci, me semble-t-il, avec un petit paddle en cuir, si je me fie au claquement particulier qu’il produit sur mes rondeurs. Je commence à gémir. Il y a les endroits où la douleur peut être plus ou moins facile à supporter, selon que le coup est frappé directement sur le muscle, qui joue alors le rôle d’un amortisseur, ou à la périphérie, là où la peau est plus fragile. Les photographes observent à qui mieux mieux et semblent apprécier la scène, me confie-t-elle.
Pause. Maîtresse Cindy me demande de redresser le buste et de rester à genoux en position de conformité, les mains dans le dos. Elle s’est maintenant assise devant moi, les jambes écartées, sur un rocher. Son chemisier est largement ouvert sur sa poitrine dénudée. Ses doigts caressent la mienne, s’arrêtent sur mes seins, pincent les tétons à travers le tissu. Ils se dressent naturellement. « L’air tonique de la mer vous fait du bien, Claire, il faudra que nous revenions ». Je ne réponds rien, trop sensible à ces stimulations qui me mettent dans tous mes états.
« Relevez-vous et suivez-moi ». Embarrassée par mon bandeau, elle me tient la main et me conduit à côté, devant un grand rocher. Je la sens me replier les bras par-derrière, m’attacher les mains avec une corde, remonter au niveau des épaules et me contraindre le haut de la poitrine et du dos. La consigne consiste à me tenir debout, jambes écartées, le front posé contre le rocher, pour recevoir le martinet. J’entends siffler les lanières. Mes gémissements reprennent. Le plaisir dans la douleur. A mon avis et à ce stade, nous avons déjà dû dépasser la couleur du maillot et virer au rouge écarlate. Les coups continuent, au gré de l’humeur et de la fantaisie de ma maîtresse. De son souci également du travail bien fait. Corriger ne se résume pas à punir n’importe comment. Il convient de respecter les règles.
Voilà, c’est fini, j’ai le droit de me retourner. Maîtresse Cindy me prend en photo de face, puis m’enlève mon bandeau. Non, elle n’avait rien inventé, les photographes sont bien là, à distance certes, mais ils n’ont pas dû manquer une miette du spectacle. Pour me rafraîchir, je suis autorisée à aller m’allonger quelques instants au bord de l’eau. Contact délicieux après l’épreuve. Elle est là à côté de moi et elle m’observe. Ses mains reprennent la direction de mes seins. Je sens qu’elle me pince encore plus fort les tétons au fur et à mesure que mon émotion se manifeste. Elle m’autorise à prendre mon plaisir. Ma main s’introduit sous mon maillot…
Le temps avance. Il faut bien une fin à tout. Nous nous rhabillons sans nous attarder. Les serviettes tombent à propos. C’est formidable, jusqu’au bout, elle aura tout prévu dans les moindres détails. Elle me montre son dos et m’explique qu’il doit lui rester du sable collé sur la fesse gauche. C’est l’aubaine à saisir. Je ne vais pas lui dire le contraire. L’occasion d’observer de plus près son maillot et le galbe de ses hanches. Je m’emploie donc à l’essuyer bien comme il faut là où il faut. Tandis que je me prépare de mon côté, elle inscrit sur notre rocher la date du jour, 20/07/2010, en gros caractères au moyen d’un morceau de craie. Souvenir.
Chemin en sens inverse. Nous sommes dans les temps. Le clocher de l’église Saint-Etienne nous sert de repère. Arrêt rapide dans un café du port avant de reprendre le chemin de la gare. Contrairement à l’aller, nous reviendrons par le train avec un changement à Bréauté-Beuzeville. Quelques minutes d’attente. Correspondance pour Paris.
Nos têtes bourdonnent encore des sensations et des images que nous venons de vivre.
Je suis intensément heureuse. Personnellement, bien sûr, cela a été un grand moment dans notre relation. Mais pour elle aussi car je ne crois pas me tromper en écrivant qu’elle y a également pris beaucoup de plaisir. Et puis pour elle, je l’ai compris, c’était une redécouverte d’un lieu connu, un endroit qu’elle avait déjà eu l’occasion de visiter auparavant dans les moindres détails. Un retour en arrière. Sans doute un moment heureux de sa vie qu’elle avait plaisir à rejouer avec moi. On ne retourne pas sur les lieux qui vous ont laissé un mauvais souvenir.
Mon souvenir à moi, en plus de tout le reste, c’est un petit galet blanc. Symbolique. Elle l’a choisi spécialement à mon intention. Je le serre précieusement au creux de ma main.
PS. En complément de celles qui illustrent ce compte-rendu, vous découvrirez d’autres photos de notre excursion dans l’album « Claire au bord de la mer » (colonne de droite).