L'éducation anglaise de Claire Grenadine
… arrivée au rez-de-chaussée, Madame la Directrice me tire par la manche.
- La visite n’est pas terminée, Claire, il nous reste encore à visiter le deuxième sous-sol.
Le deuxième sous-sol ? Il y en a un deuxième ? Après tout, c’est possible. A force de monter et de descendre dans ce musée, je dois dire que je m’y perds un peu. Il y a tant de choses intéressantes à voir. Et puis elle a l’air de bien connaître les lieux. Je la suis en confiance. Ce que j’ai vu m’a mise en appétit. Ce serait dommage de passer à côté.
Changement total d’atmosphère. La première pièce, en bas des marches, ressemble à une sorte d’antichambre faiblement éclairée. Tentures de velours rouge, petits tabourets capitonnés. Brûle-parfum. Prélude de la suite anglaise en la mineur de Jean-Sébastien Bach par Martha Argerich. On se croirait dans les loges d’un théâtre. Maitresse Cindy m’ordonne d’enlever mes vêtements civils. Inutile de protester. Je me retrouve en tenue légère. Soutien-gorge, string, porte-jarretelles, bas. Le boîtier rose de mon godemiché est inséré sous l’élastique de ma petite culotte. Elle me noue un bandeau noir sur les yeux. Un bandeau spécial en caoutchouc qu’elle gonfle au moyen d’une poire. Je plonge subitement dans une obscurité totale.
- L’érotisme, Claire, ce n’est pas uniquement des objets anonymes disposés derrière une vitrine. Des choses que l’on observe à distance. Ce sont également des sujets. Des personnages animés. Animés de désir. Vous aussi, Claire, vous êtes un sujet de désir ! Suivez-moi.
Dois-je comprendre qu’elle me conduit dans une sorte de laboratoire ? Que je vais servir de sujet pour une expérience ? Elle me précède en me tirant derrière elle par le sexe. La sensation est plus qu’agréable. Et si je fais mine de m’opposer à l’ordre qu’elle vient de me donner, c’est un peu pour le principe mais surtout pour mieux éprouver le plaisir associé à cette résistance.
Nous pénétrons dans une deuxième salle, sans doute plus grande. Maîtresse Cindy continue à me guider en m’empoignant le sexe et finit par m’adosser contre un pilier de pierre. J’imagine que nous devons maintenant nous trouver quelque part au milieu d’une salle voûtée, accessible au public. Je sens ce dernier à la fois présent mais comme tenu légèrement à l’écart. Derrière une petite balustrade en bois ou une chaîne tendue entre deux piquets de cuivre. Les sons me parviennent distinctement. Des bribes de conversations, quelques mots prononcés dans des langues étrangères, des chuchotements, le bruissement de pas sur le sol, quelques rires, le timbre caractéristique du déclencheur d’un appareil photo. J’en viens presque à me convaincre que ma première impression était la bonne, que ce niveau du musée est effectivement réservé à un usage particulier, à la présentation de tableaux vivants, à des séances d’apprentissage, à des travaux pratiques. Et que je vais donc devoir me produire en direct, pour le plus grand plaisir des spectateurs qui attendent ce moment avec impatience. J’essaie maladroitement de dissimuler ma quasi-nudité mais Madame la Directrice me rappelle à l’ordre.
- Les bras le long du corps, Claire, laissez-leur le loisir de vous contempler !
Le temps me semble interminable. Déclenchement en rafale des appareils photos. Crépitement des flashes. J’imagine Maîtresse Cindy quelque part à proximité, en train de sourire aux visiteurs tout en leur présentant les instruments avec lesquels elle s’apprête à me corriger. Le martinet. La cravache. La lanière de cuir épais. Le battoir évasé en forme de raquette, en cuir également, perforé de gros trous circulaires.
- Tournez-vous, qu’on vous voie aussi par-derrière !
Rien ne me sera épargné. Mes fesses découvertes. Ce string qui ne cache pas grand-chose. Et ce godemiché planté au creux de mes reins, dont l’embout couleur chair dépasse, impudique. Je ne devrais pas l’avouer mais je n’ai pas honte d’avoir honte. De me sentir observée. D’éprouver une sorte de petit pincement. Une sensation délicieuse de faute et d’excitation à la fois. A l’idée que je vais pouvoir extérioriser mon fantasme et tenir mon rôle jusqu’au bout. Un rôle que je ne m’attendais pas à tenir là, maintenant. Mais auquel je m’étais mentalement préparée. Je feins de croire qu’en dissimulant mon visage, je continuerai à demeurer anonyme. Protégée. Loin d’être une punition, ce que je m’apprête à vivre s’annonce comme un moment très agréable. Inutile de le dissimuler. Alors pourquoi ne pas en faire profiter ceux et celles qui m’entourent ?
Maîtresse Cindy commence par m’attacher les mains en hauteur à des courroies de cuir suspendues de part et d’autre du pilier. Elle procède de même plus bas, au niveau de mes chevilles, me forçant à tenir mes jambes grandes écartées. Et puis, comme si cela n’était pas déjà suffisant, je la devine en train de tourner autour du pilier avec plusieurs cordes afin de me ligoter au niveau de la taille et des épaules. Les événements semblent se préciser. J’en profite pour faire le gros ventre. On ne sait jamais. Un peu de mou ne me sera sans doute pas de trop par la suite.
Autour de moi, les conversations se sont tues. Les spectateurs suivent attentivement le déroulement des préparatifs.
Par-derrière, j’entends Maîtresse Cindy rouler quelque chose qui pourrait ressembler à un chariot, et l’approcher tout juste à hauteur de mes reins. Je ne tarderai pas longtemps à comprendre ce dont il s’agit. Une machine à fesser automatique. Entièrement programmable. Le dernier cri de la technique. Sa dernière fantaisie. L’un des rares jouets qui lui manquait encore. L’appareil que tous les connaisseurs rêveraient de pouvoir copier. Celui qui fait l’unanimité dans les milieux spécialisés. Équipé d’un axe rotatif sur lequel peuvent être fixées toutes sortes d’embouts, depuis des courroies de cuir plus ou moins fines et souples, jusqu’aux petites balayettes et aux gants épais de caoutchouc, en passant par le modèle dit « républicain », bleu, blanc, rouge… Réglable à volonté en intensité et en durée au moyen d’un minuteur. Une machine extraordinaire. Un appareil épatant. A spanking machine. Tout droit sortie du cerveau du génial Professeur Diabolo, l’âme damnée de ma maîtresse, l’ordonnateur de ses menus plaisirs.
- Combien de fautes avez-vous commises tout à l’heure au jeu d’adresse, Claire ?
- Une seule, Madame !
- Petite menteuse, vous en avez commis au moins trois si ce n’est davantage !
Je ne réponds rien. Trois, c’est bien payé. J’en ai fait beaucoup plus !
Elle m’annonce que je serai donc punie à trois reprises, à raison de six minutes chaque fois.
La préparation de la fessée serait cependant incomplète sans l’ajout d’un petit raffinement supplémentaire. Maîtresse Cindy suspend contre le pilier par-devant, à hauteur de mon sexe, un coussin plat rectangulaire, transpercé de petits piquants effilés comme des aiguilles. Un véritable tapis de fakir.
Tout est prêt. La correction peut commencer. Le redoutable engin se met en mouvement. Prise en étau, je mesure rapidement qu’entre deux maux, il va me falloir rapidement choisir le moindre : soit me plaquer contre le pilier pour esquiver les lanières entraînées par la machine, au risque que par-devant, les pointes aiguisées m’entrent dans la chair à un endroit particulièrement sensible, soit me reculer - pour autant que je puisse le faire - ou cambrer les fesses en arrière en me résignant à recevoir de plein fouet les assauts répétés de la machine.
Une machine diabolique par son rythme progressif, qui démarre gentiment (flip, flip, flip, flip), presque sans qu’on n’y prenne garde, puis qui s’accélère (flop, flop, flop, flop, flop), l’impact des lanières devenant de plus en plus marqué et insupportable. J’hésite sur la meilleure tactique à adopter. Par-devant ou par-derrière ? Pas facile de trancher. Les deux options se valent. Afin d’atténuer la douleur, la solution la moins inconfortable consiste sans doute à les alterner. Et comme malgré tout, au pied du mur, je reste une petite vicieuse, je me permets de cambrer les fesses pour mieux ressentir les coups et pour faire varier la ligne mélodique de l’appareil. Flip, flip, flip, flop, flop, flop, flip, flip, flip….. Au point où j’en suis, qu’importe la punition pourvu que j’aie l’ivresse.
- Souriez, Claire, vous êtes filmée !
L’assistance, apparemment nombreuse, semble apprécier la plaisanterie si j’en crois les rires qui fusent ici et là. Sourire ! Sourire ! Elle en a de bonnes. Si elle croit que c’est le moment ! J’aimerais bien la voir à ma place !
Le minuteur retentit, tel un gong qui signalerait la fin de la première reprise. A la différence près que je ne peux pas regagner mon coin, m’asseoir une minute, bénéficier de conseils opportuns, m’éponger le front et boire quelques gorgées d’eau avant de repartir à l’assaut. Le répit n’est que passager. Je pressens que le deuxième round sera tout sauf une partie de plaisir car cette fois, Madame la Directrice avance encore plus sa machine pour la plaquer tout contre moi.
Effectivement, lorsque celle-ci se remet en marche et que le rythme s’accélère à nouveau, la brûlure est beaucoup plus vive, avec toujours le même dilemme à résoudre : me rapprocher du pilier ou m’en écarter. Et avec aussi une petite complication supplémentaire dans la mesure où, les premiers moments de surprise une fois passés, la sensation est finalement à ce point agréable que je sens mon membre durcir. Claire, sois raisonnable, n’en rajoute pas, tiens-toi, tu es en train de jouer contre ton camp, pense plutôt à autre chose, à quelque chose de triste, à l’école par exemple, ce n’est vraiment pas le moment de te faire remarquer ! Mais impossible de m’en empêcher. Voilà qu’en plus de la correction qui m’est administrée, je me punis moi-même. Prenant du volume, ma verge devient subitement très sensible aux multiples pointes qui l’aiguillonnent, ce qui me contraint bien malgré moi à m’écarter du pilier et à recevoir beaucoup plus fort les lanières en retour.
Je devine Maîtresse Cindy là tout près de moi, à ma droite. Ses doigts ont pris possession de mon entrejambe. Ils montent et descendent lentement le long de mon sexe dressé. En me tordant sur le côté, quitte à m’abandonner davantage à la morsure des lanières, je cherche le creux de son épaule pour y poser la tête. Elle ne se dérobe pas. Havre moelleux. La volupté dans la douleur. La douleur dans la volupté. Inutile de souhaiter autre chose. Il n’y a rien de meilleur. Je suis heureuse. Heureuse de savourer l’instant présent, bien sûr. Mais aussi de le vivre avec elle. De le lui offrir en silence. De tout mon cœur et de tout mon corps. De me sentir pour la première fois peut-être détachée de l’obsession de vouloir prendre mon plaisir pour moi toute seule sans autre considération. De prendre conscience que j’arrive à le partager. Que nous jouons vraiment toutes les deux ensemble. Et non pas chacune en parallèle. Et que nous n’avons pas besoin de nous parler pour nous comprendre.
Fin de la deuxième reprise.
Oh non, encore une petite dernière pour le plaisir ! C’était prévu comme ça dès l’origine, non ? Maîtresse Cindy commence par m’enlever mon bandeau. Je ne m’étais pas trompée, nous sommes bien dans une cave voûtée et je suis bien attachée au pilier central. Les lumières sont tamisées. Un grand miroir dressé sur le côté me permet de me voir et de découvrir la machine installée juste derrière moi. Un peu à l’écart, derrière la balustrade, les visiteurs se sont regroupés. Le tableau vivant en cours a fait salle comble. Des visages tantôts attentifs et concentrés, tantôt goguenards et moqueurs, avec ici ou là, un éclair de lubricité, de sadisme ou de perversion qui brille au fond des prunelles. Ce n’est pas tous les jours que l’on peut assister à la correction en public d’une collégienne. Les petites lolitas japonaises, court vêtues comme des héroïnes de mangas, ont l’air très excitées.
Pour le dernier acte, Madame la Directrice a prévu une surprise. Elle relie les pointes métalliques enfoncées dans le coussin à un générateur électrique qu’elle met en marche. Par-devant, mon tourment prend alors une dimension franchement insoutenable. A la piqûre des pointes s’ajoute maintenant la tension du courant, comme si mon sexe était mis au contact d’une clôture électrifiée. Je suis au supplice. Lorsque j’y repense, j’avais déjà cru ressentir cette sensation dès la deuxième épreuve mais je n’y avais pas prêté attention, pensant qu’il s’agissait là du fruit de mon imagination.
- Madame, s’il vous plaît, est-ce que c’est mal d’aimer recevoir la fessée ?
- Non, Claire.
- Si je continue comme ça, est-ce que quand je mourrai, j’irai en enfer ?
- Bien entendu, Claire, et c’est tant mieux car le diable pourra ainsi continuer à vous flageller la croupe pour votre plus grand plaisir !
La douleur devient intense. Difficilement supportable. Je comprends que ce fichu minuteur devra égrener jusqu’à l’ultime seconde de son programme et qu’en attendant, je ne pourrai prétendre à aucune mesure de clémence. Je serre les fesses, le souffle presque coupé, cherchant à me faire toute petite sous l’orage.
Sonnerie finale. Soulagement. Je reste pieds et poings liés. Maîtresse Cindy éloigne la machine et glisse entre le pilier et mon corps un tapis de sol en mousse qui vient neutraliser les méchantes piques du coussin. Elle me masturbe avec beaucoup de doigté tandis qu’au plus profond de moi, le godemiché continue de vibrer. Cette double sensation m’apaise et m’enhardit. Ma maîtresse me force à avouer que je ne suis qu’une petite vicieuse, une exhibitionniste. Je lui réponds qu’elle n’a pas tort. Que j’adore être fessée en publique devant tout le monde. Et peut-être aussi sodomisée, ajoute-t-elle. Je ne la démens pas.
Elle sourit aux spectateurs, l’air enjouée. Comme si maintenant le dénouement ne faisait plus de mystère. Que j’étais totalement entre ses mains. Que tout ne dépendait plus que d’elle. Quelques minutes encore tout au plus. Avant l’explosion de la jouissance. Je la sens qui monte comme le feu d’un volcan. Ses caresses se font plus insistantes. La pression de ses doigts est délicieuse. Je ne suis plus dans un sous-sol ni même dans un musée. Peu importent où je suis et les gens qui m’observent. Je suis seule avec elle. Ailleurs.
- Maintenant, Claire, je vous autorise à prendre votre plaisir.