L'éducation anglaise de Claire Grenadine
Ma soirée a commencé par une grosse nouba organisée par Reebok au Georges, au sommet de Beaubourg. Vue grandiose sur Paris. Clientèle chic et cocktails chocs. Champagne à volonté. Le fabricant de sneakers surfe sur les cendres de la nu-rave en relançant sa Freestyle, fleuron du fitness fluo des années 80. Je me lance sur la piste, aux côtés de Yelle et d’Agyness Deyn, la blonde peroxydée, mannequin vedette du créateur Jeremy Scott. Le collectif d’artistes Andrea Crews assure l’ambiance. Les platines sont trustées par Gildas et Masaya, le duo hype du label Kitsuné. Je claque une bise à David Guetta. Stomy Bugsy me fait la gueule. Peu importe, en after, j’irai sans lui à la soirée Carwash qui célèbre ses quatre ans au Wagg.
Quatre vodkas-orange plus tard, je m’écroule dans un fauteuil club. Un petit coup de téloche. Tracks sur Arte à 00h.55 pour un spécial Sidaction, ça a tout de même de la gueule, non ? Elitiste ? Tu plaisantes ! Bon d’accord, un peu moins ringard que les enquêtes de l’inspecteur Derrick sur France 2. Une émission super branchée. Complètement dingue. C’est difficile à expliquer. Il faut l’avoir vue pour le croire.
Pour mettre de l’ambiance, tout débute par des pubs pour le préservatif. Et puis très rapidement, le rythme s’accélère. Philippe Manœuvre, adepte du Mashed Potatoes, se retrouve ligoté au pied de la tour Eiffel par les Stranglers, Eddie Bo plaque sur son piano quelques accords jazzy, façon Nouvelle-Orléans, tandis que les hackers d’Anonymous lancent une cyber attaque contre le site de l’Église de scientologie. Tom Cruise n’a plus qu’à bien se tenir.
Qu’est-ce qu’on rigole ! Attends, c’est pas fini. On a droit à une interview de Lesbians on Ecstasy. Incroyable ! Elles sont là assises sur les marches. C’est sûr que Lesbians, ça craint déjà un peu, mais si en plus on rajoute la drogue, mortel. Je suis raide dingue de leur musique électro clash. Et puis, sur les quatre, il y en a une qui déchire à la guitare basse. Maîtresse Cindy. Coiffure blonde ultra courte. Piercing sur l’aile du nez.
En combinaison de vinyle galactique - plus discret, tu meurs -, elle accompagne une Esthell cagoulée Monsterlune dans les soirées gothiques fétichistes. SM fantaisie. Ben oui, le SM c’est pas que des machins glauques pour les vieux en mal de sensations fortes. C’est ludique. Rigolo. La preuve. L’ex courtière en œuvres d’art contemporain a relooké un garage destroy en donjon futuriste. Lumière bleu fluo. Machines sado-érotiques. Instruments de torture. Gare à vos fesses. Les lanières vont siffler. Salle de classe. Pupitres. Estrade. Tableau noir. Zoom sur le cahier de Claire Grenadine. Une petite vicieuse obsédée qui passe son temps à découper des pubs pour les strings et les soutiens-gorges dans les revues de mode. On aura tout vu ! Si c’est pas de l’art, c’est sûrement du cochon.
J’adore la séquence où Maîtresse Cindy, assise à califourchon sur une
branche d'arbre, se balance dix kilos d’engrais sur la tête. Elle porte un chemisier blanc ajusté. C’est superbe. Surtout quand elle soulève le sac et qu’on devine ses seins. Arrêt sur
image. Je me la repasserai en boucle. Dix kilos, faut pas pousser. A mon avis, dans les jours qui on suivi, ses cheveux, elle a dû les perdre. Déjà qu’elle n’en a pas
beaucoup.
Humour ! C’est pas le même genre que Dita. Dita Von Teese. Pin-up sur papier glacé offerte à l’objectif de Christophe. La nouvelle Bettie Page. Mais si, tu connais, la compagne de ma copine Marilyn. Marilyn Manson. C’était la fille du Père Noël, j’étais le fils du Père Fouettard, elle s’appelait Marie Noël, je m’appelais Jean Balthasar.
C’est la fin qui m’a fait le plus rigoler. La scène du Sentence Horror Show, quand Daniel descend dans sa cave torturer Cindy, ligotée sur un fauteuil de dentiste. Il commence par lui découper la langue, à moins que ça soit le cœur. La barbaque vole dans tous les sens. Le sang coule à gros bouillons. Il y en a partout sur les murs. Enfin du gore ! On en redemande.
Je me tue à te le répéter, il va bien falloir que tu l’admettes un jour, le SM triste, c’est fini !
Pour accéder à la séquence de l'émission Tracks qui met en scène Maîtresse Cindy, merci de cliquer ici