L'éducation anglaise de Claire Grenadine
Vous ne connaissez peut-être pas Diabolo ? J’allais répondre, c’est normal ! Diabolo, le Professeur Diabolo, devrais-je dire, est un homme très discret. Pour saisir une occasion de le surprendre quand il se rend à Paris, il faut être patient, se tapir avant l’aube au fond d’une hutte de camouflage, à proximité du donjon de Maîtresse Cindy, et guetter son passage. Avec un peu de chance, vous pourrez l’entrevoir le mercredi, c’est son jour.
Discret mais très fin, sensible, prévenant et bourré d’humour. Un homme qui gagne à être connu.
Si vous vous êtes jamais interrogé sur le fonctionnement irréprochable de toute la logistique technique du donjon, le responsable, c’est lui. L’homme-orchestre. Le technicien multicarte. L’expert polyvalent. Eau, gaz, électricité, plomberie, peinture, carrelage, menuiserie, serrurerie… il sait tout faire.
La première fois que je l’ai rencontré, c’était dans les vestiaires du Severity College. La douche des filles était cassée et il était en train de remplacer un panneau de la cabine. Super important, la douche. Un moment de plaisir avant le plaisir. Et après aussi.
Et comme sa présence m’intriguait, j’ai engagé la conversation. Juste pour voir. Nous avons donc échangé quelques mots. Suffisamment pour que je lui exprime le fond de ma pensée : s’il faisait en sorte de traînasser un peu, en invoquant, par exemple, des difficultés inattendues (dans les vieux immeubles, les murs ne sont jamais d’équerre), il augmenterait sensiblement, selon moi, ses chances de contrarier Maîtresse Cindy et donc, au bout du compte, de se prendre une bonne correction. Ses prunelles ont alors pétillé de malice. Nul doute possible, cette perspective le mettait en joie. Nous étions bien du même bord. J’ai tout de suite compris que nous étions faits pour nous entendre !
Je viens de vous présenter l’une des facettes du personnage. Sans doute la plus ingrate. En réalité, le Professeur Diabolo est beaucoup plus qu’un technicien hors pair, il est avant tout un concepteur et un inventeur de génie.
Pour faire court et si l’on s’en tient à l’essentiel, le cycle des inventions françaises remarquables durant ces derniers siècles a été ponctué par trois personnages hors du commun : Léonard de Vinci au XVème, Gustave Eiffel au XIXème et le Professeur Diabolo au début du XXIème.
Impossible d’énumérer l’ensemble de ses réalisations. Trois d’entre elles, cependant, se détachent du lot : « La Fesseuse », « La Pénétreuse » et « La Fouetteuse ». Des chefs-d’œuvre.
Des chefs-d’œuvre d’inventivité d’abord, car dotés des derniers gadgets technologiques, montés sur roulettes, modulables en intensité, réglables dans l’espace, activables par télécommande, et dotés d’embouts interchangeables (du plus doux au plus cinglant, du plus mince au plus épais).
Des chefs-d'oeuvre d'esthétisme ensuite, grâce à la présence d'enjoliveurs métalliques, de lumières intégrées et d'accessoires multicolores.
Des chefs-d’œuvre de sensualité enfin, car conçus et savamment programmés pour flatter les sens. Pour exacerber les émotions. Tester ces machines est un véritable plaisir. Ceux et celles qui les ont expérimentées ne me contrediront pas.
J'ajouterai deux autres caractéristiques essentielles qui en font des machines tout à fait dans l’air du temps : d’une part, elles sont éco-responsables (faible consommation d'énergie, récupération de pièces diverses et variées), d’autre part, elles sont produites en France (ce qui les distingue nettement des engins de pacotille assemblés en Asie).
Bref, les machines du Professeur Diabolo ont acquis une renommée qui déborde largement l’enceinte du petit monde du SM. La presse en parle. Le succès est devenu international.
Les trois machines en question, remarquablement mises en valeur lors de la vente des accessoires du donjon du 16 décembre dernier, pourraient certainement orner les salles du Musée de l’Érotisme à Paris ou être exposées au Centre Georges Pompidou. La consécration !
A star is born ! Félicitations et merci, Professeur Diabolo !